Arpaïs Du Bois expose ses dessins et peintures, fruits d’une pratique quotidienne, où la rencontre du texte et de l’image déjoue les tensions entre figuration et abstraction, visible et invisible.
Arpaïs Du Bois: Fenêtres intranquilles
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Pourfendre Le Vide. Les mots s’alignent en lettres capitales sur la composition toute simple d’Arpaïs Du Bois. Et ça change tout. Les formes abstraites prennent un autre sens. Pas figé pour autant. On serait incapable de dire si le texte vient supporter l’image ou l’inverse. Ils tracent deux lignes parallèles et convergentes à la fois.
Les mots semblent être un levier pour dompter l’inconscient d’où jaillissent des dessins qui ont peine à se reposer. C’est sans doute lié à la matière même de la peinture, une acrylique largement diluée qui la rend vibrante, instable, comme un souvenir qui a de la peine à se stabiliser. Elle ajoute aussi du bistre à son mélange, ce qui atténue l’éclat des couleurs en leur gommant aussi une part de réel pour les teinter d’une sorte de mélancolie sourde.
Parfois la proximité entre texte et image est évidente, à d’autres moments, le texte énigmatique, vient ouvrir mille possibles. On ne va pas se hasarder à enfermer le sens de Décorer le naufrage. Les océans sont vastes et la météo incertaine. Ces textes comprennent bien souvent un verbe à l’infinitif comme s’il s’agissait d’instructions qu’Arpaïs Du Bois se donne à elle-même pour penser non pas son dessin mais le monde qui l’entoure.
Chemins pour le regard
Ces dessins en petits formats sont les pages arrachées de carnets que l’artiste anversoise remplit compulsivement et méthodiquement depuis des années. Il n’y a aucune systématique picturale sinon que ses compositions occupent parfaitement l’espace et le blanc de la page comme un chat qui prend ses aises dans son panier. Elle passe également à des peintures grand format où elle conserve l’équilibre de ses compositions et la maîtrise de son cadre.
Les larges coups de pinceau ressemblent alors à des chemins pour le regard. Elle prolonge aussi son travail dans l’espace avec des découpes de tapis plain, qui dans une pièce suggèrent un épanchement venu d’on ne sait où, et dans une autre, des formes qui font écho à la composition qui lui fait face. On aurait tort de les prendre trop au sérieux. Un des livres d’artiste qu’elle présente reprend les typos et la mise en page d’un magazine de design des années septante.
Petit détail, dans les intérieurs cossus qui s’y dévoilent, on y reconnaît des œuvres d’Arpaïs Du Bois encadrées au mur. À Torchonner deux fois comme elle nous a prévenu dans un de ses dessins. L’univers de cette artiste insaisissable est moins tranquille et rectiligne qu’il n’y paraît.
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