Deborah Bowmann invite le jeune artiste britannique Jamie Fitzpatrick pour une première exposition bruxelloise qui traduit le monde de l'entertainment comme un cabaret grotesque et vulnérable.
Les héros dérisoires de Jamie Fitzpatrick
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On ne sait rien d'eux. Peut-être se sont-ils croisés dans le hall d'un grand hôtel de Las Vegas. Puis, ils ont sympathisé autour d'un Peach Brandy. Le grand, avec son chapeau, c'est le Magicien. On a quand même envie de voir ses pouvoirs parce que sans bras, il aura besoin d'un coup de main. Au fond, assis par terre, une guitare sur les genoux, le sexe dressé, il y a le chéri, un chanteur de charme avec une veste blanche à sequins. Il y a du Elvis là-dedans. Il a la tête d'un personnage de cartoon qui sort d'un tunnel à 100 kilomètres-heure. Il porte encore deux têtes bien coiffées. Il ne faut pas attendre trop longtemps pour l'entendre chanter a capella, soliloquer et sangloter aussi. Le Magicien lui répond parfois brièvement dans une conversation qui semble extraite d'un Beckett oublié. Sinon, l'homme nous apprend comment nouer une cravate et assurer.
Jamie Fitzpatrick aime le grotesque. Cela saute aux yeux dans ses deux sculptures animées de héros dérisoires. La bouche tremblante, les automates lâchent par intermittence des bouts de conversation que l'artiste britannique a lui-même enregistrés. Jamie Fitzpatrick, qu'on avait pu voir à Poppositions, aime les personnages qui défient la prétention liée à l'autorité et au pouvoir. Ses sculptures, où il mélange la mousse, le polystyrène et la cire colorée, ont un côté inachevé comme un croquis en trois dimensions prêt à se décomposer. Ce qui accentue en même temps la vulnérabilité cachée derrière la suffisance minable. Et la couverture de cire n'est pas sans rappeler la séduction tout sucre des grandes pièces montées de pâtisserie couvertes de crème.
Les deux sculptures présentées à Bruxelles appartiennent à une série plus large sur les figures de la masculinité. Elles sont accompagnées de trois grands dessins qui prolongent cet univers fantasque de cabaret satirique. Habituellement présentées en extérieur, les deux sculptures ont été posées sur un parquet tout droit sorti d'un cartoon avec ses grosses veines de bois gravées à même les planches. En mai, elles seront représentées à l'Antwerp Art Weekend dans un show ayant pour curatrice Deborah Bowmann. Are you lonesome tonight ?
Jamie Fitzpatrick: The Magician & the Lover
> 28/3, Deborah Bowmann, www.deborahbowmann.com
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