Nouvelle exposition pour Tinus Vermeersch à la galerie Hopstreet. Dans ses sculptures, peintures et dessins, il dévoile des instantanés d’un univers hors du temps où l’organique et l’atmosphérique se confondent.
| Tinus Vermeersch
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Tinus Vermeersch est un artiste d'un autre temps. Le peintre courtraisien aime utiliser des techniques anciennes sans regard passéiste. La peinture à la détrempe, appliquée couche par couche, le dessin à la plume sur des papiers artisanaux. Ces techniques sont comme un bâton de pèlerin pour le guider dans l'exploration d'un monde fantasmatique où le paysage, habité des forces de la nature, semble se transformer sous nos yeux. Cet univers où le minéral devient végétal et l'organique devient atmosphérique, est peuplé d'étranges créatures que l'artiste a baptisé Tegumen. Dans sa nouvelle exposition à la galerie Hopstreet, il délaisse les huiles de paysages fantasmés qui avaient fait sa réputation pour un ensemble à première vue plus disparate, mais pourtant très cohérent. Les sculptures, peintures et dessins qu'il rassemble sont comme autant de souvenirs de voyage d'un archiviste minutieux.
Tel un artisan, il a besoin d'avoir les choses en main, il prépare lui-même ses couleurs et ses toiles qu'il tend soigneusement, ainsi qu'il pétrit et cuit l'argile qui donne forme à ses sculptures. Comme s'il avait transposé la chambre des merveilles qu'est son atelier, il a rassemblé sur un établi des sculptures en céramique avec des bouts de bois, des disques de ponceuse ou une brosse métallique qui prennent l'allure de fragments d'un paysage halluciné.
La céramique n'est pas nouvelle pour lui, mais c'est la première fois qu'il l'expose. Il s'est tourné une fois de plus vers une technique oubliée qu'il intègre à son univers. La terra sigillata utilisée dans la Rome antique pour la vaisselle se caractérise souvent par la teinte rouge de l'argile. Chez Vermeersch, les formes prolongent l'univers de ses peintures, ici un homme tegumen qui promène son chien, là un médaillon où les traits d'un visage apparaissent dans un mouvement organique.
PAS DE NOSTALGIE
L'artiste s'est aussi essayé à plusieurs séries de carreaux en style Delft où il reprend ses symboles archétypaux. On y retrouve un homme avalé par une meule de foin ou un organisme végétal, un être improbable tout droit sorti d'une peinture de Jérôme Bosch ou de Brueghel.
Il propose aussi deux grandes peintures et une fresque monochrome. Dans l'une, on voit un paysage avec, à l'avant-plan, ce qui fait penser à des oiseaux, les deux autres compositions virent vers l'abstraction. L'une est peinte sur toile, l'autre à même le mur, ce qui lui donne encore plus d'immatérialité. Comme effacés par le temps, les contours virent au flou. Pour en distinguer toutes les subtilités, il faut prendre le temps de laisser son regard dénouer les formes enchevêtrées.
Il ne faut pas voir dans l'univers de Tinus Vermeersch la nostalgie d'un monde révolu, mais plutôt l'envie de gommer les références au monde actuel, si ce n'est peut-être la présence habitée d'une nature qui n'est que calme et mouvement. On peut retrouver dans un ciel, dans la matière végétale ou dans le duvet qui couvre un oiseau les mêmes frémissements et moutonnements de matière. Quel que soit le support, c'est le travail d'un artiste qui se cherche sans se répéter dans un univers défini et à la fois infini.
TINUS VERMEERSCH: HIDE
> 25/10, Hopstreet, www.hopstreet.be
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