Le nouveau Food Market de la Gare Maritime se découvre comme une dystopie annonçant un monde sombre et glaçant. Seules quelques échoppes de chefs laissent passer la lumière.
Gare Maritime-Food Market : une fête triste
Enfant, on a toujours détesté les parcs d'attractions. Disneyland Paris nous a filé le bourdon, un souvenir tout personnel. Quand on découvre l'immense Gare Maritime rénovée, avec ses places du "Chicon" et autres croisements du "Cuberdon", on ne peut s'empêcher de trouver que tout cela sonne faux. Avec ceci de supplémentaire qu'une certaine pandémie est advenue entre-temps, noircissant les contours du lieu. Le Food Market n'occupe qu'une petite partie du vaste édifice évoquant une immense gare ferroviaire. Perdu sous une hauteur de plafond monumentale, l'espace a tout de la "fête triste", thématique chère à l'artiste Hans Op de Beeck.
C'est d'autant plus marquant que, covid oblige, les contacts humains y sont réduits au maximum. Impossible de ne pas penser à un épisode de Black Mirror. On entre, on montre son CST, puis on est invité à scanner un code QR reprenant les menus des différentes échoppes. Ce choix se fait le nez sur l'écran, sans le moindre échange avec qui que ce soit. Une fois la commande passée, on attend le SMS qui invite à aller chercher le ou les mets de son choix. Et ensuite ? Il ne reste plus qu'à grailler dans son coin, non sans avoir balancé le contenu de son assiette sur Instagram. Quel effroi. À cette expérience traumatisante, il faut en ajouter une autre, celle du bar Victoria, cauchemar AB InBev alignant les boissons industrielles.
Une chose sauve les meubles : le casting des chefs pour les différentes échoppes
Une chose sauve les meubles : le casting des chefs pour les différentes échoppes. Du triple étoilé Mauro Colagreco, avec ses burgers Carne, à Bart De Pooter qui signe une proposition axée sur la volaille et la cuisine traditionnelle belge, en passant par Giovanni Bruno et ses pâtes haut de gamme.
Il reste que personne n'ayant le don d'ubiquité et la capacité de tout goûter, c'est forcément à une seule adresse que l'on s'arrête. Pour nous, ce fut Bouillon, l'adresse de Sang Hoon Degeimbre de L'Air du Temps. Loin du cirque et de l'ostentation, on a dégusté un simple bouillon de légumes (12 euros) faisant place à des végétaux de saison (navet, choux, betteraves, poireaux…) offrant une merveilleuse sensation beurrée. Soit, un contrepoint idéal, ancré et terrien, à la démesure d'un concept général sans âme.
En espérant que le restaurant de demain ne ressemble pas à ce Food Market.
GARE MARITIME - FOOD MARKET
rue Picardstraat 9, Brussel/Bruxelles, www.garemaritime-foodmarket.be
wo/me/We & zo/di/Su 11 > 22.00, do/je/Th > za/sa/Sa 11 > 22.30
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