Invitées par Michel François, deux jeunes artistes bruxelloises, Carlotta Bailly-Borg et Charlotte vander Borght, habitent de leurs créations intranquilles l’espace domestique de la galerie Island.
'C H A M B R E S': douces perturbations
Comme beaucoup de galeries bruxelloises, Island occupe une maison bourgeoise traditionnelle avec ses pièces en enfilade. Quand le curateur Michel François a proposé aux deux artistes d’investir cet espace marqué par sa fonction, elles ont voulu développer leur travail à l’écoute du lieu.
Une œuvre jumelle occupe les deux grandes pièces du rez-de-chaussée. On y reconnaît tout de suite la structure caractéristique d’un cannage, mais il y a quelque chose qui cloche. La dimension. On pourrait croire à une reproduction d’un cannage avec des lamelles de bois alors qu’il s’agit en fait d’une photo agrandie 60 fois. L’effet est surprenant. Les trous qui rythment l’entrelacement de brins de rotin apparaissent comme des vides béants. L’usure, les déchirures, les griffes dans le vernis, invisible à taille normale, créent une matière insoupçonnable.
L’œuvre réalisée en commun par les deux artistes est entourée de leurs créations respectives. Les assises de Charlotte vander Borght ressemblent à des sièges mais n’en sont pas tout à fait. Elles sont placées trop haut. Moulées en une pièce, elles sont colorées dans la masse avec une présence picturale très forte qui rappelle les minimalistes américains.
Un peu plus haut sur les murs, de curieuses céramiques, des poteries ramollies où on reconnaît un visage. Carlotta Bailly-Borg obtient ces déformations en jetant à terre ses pièces encore fraîches et humides. Avant de les cuire, elle peint dessus les éléments d’un visage, les yeux, le nez. Le résultat crée comme des figures dégonflées coincées dans un accélérateur qu’elle appelle « mammals ». Le goulot devenu une bouche habitée d’un cri silencieux contemple les restes d’un siège où on nous invite à marcher et non plus à s’asseoir.
L’exposition se poursuit en sous-sol, mais juste après le colimaçon de bois, la progression s’arrête. Dans une pièce étriquée plongée dans une douce pénombre, une drôle de sculpture avec une oreille qui a poussé sur un coquillage. Le trou noir qui invite à l’écoute rappelle les trous du cannage et la bouche des portraits dégonflés. Autour de la sculpture de Charlotte, Carlotta a dessiné sur les murs en fondant ses traits dans les espaces laissés libres par le papier peint arraché. On n’ira pas plus loin. C’était la dernière chambre.
CARLOTTA BAILLY-BORG & CHARLOTTE VANDER BORGHT: C H A M B R E S > 29/6, Island
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