Cela fait vingt ans que Jia Zhangke témoigne de l’impact des changements rapides sur les Chinois à travers des films critiques très appréciés. Dans le mélodrame de gangsters Ash Is Purest White, il récapitule tout depuis le début.
Jia Zhangke, client fidèle des grands festivals de cinéma, est souvent présenté comme le maître chroniqueur d’une société chinoise en proie à de grandes métamorphoses. C’est le cas, mais cela ne signifie pas qu’il fait toujours le même genre de films. The World, Still Life, A Touch of Sin et Au-delà des montagnes sont loin d’être semblables. Zhangke se réinvente à chaque fois, et c’est justement pour cette raison qu’on est surpris de voir que, cette fois, il recycle et regarde en arrière.
Le film d’une grande force visuelle Ash Is Purest White reprend les personnages de Unknown Pleasures (2002) et des lieux de Still Life (2006), le film dans lequel une petite ville devait disparaître pour faire place à la construction du barrage des Trois-Gorges. L’idée de suivre un couple pendant une très longue période afin d’esquisser les temps qui changent vient de Au-delà des montagnes (2015).
L’épouse et muse de Jia Zhangke, la très talentueuse Zhao Tao, tient le rôle d’une danseuse qui tombe amoureuse du puissant gangster Bin. Lors d’une scène d’action, qui en passant prouve que Zhangke pourrait aussi exceller dans la réalisation de films d’arts martiaux, Qiao utilise une arme à feu pour empêcher que Bin se fasse passer à tabac par une bande rivale. Elle ne le trahit pas et se retrouve derrière les barreaux pendant cinq ans.
Mais il semble tout à fait impossible de reprendre le fil après cinq ans; la Chine est méconnaissable. Bin et sa nouvelle femme sont dans le monde des affaires. La trahison est foudroyante. Heureusement, Qiao est forte, maline, entrepreneuse et sans peur. Elle retourne dans son village natal, et dans la scène finale du triptyque, la roue de la fortune a inversé les rôles.
Qiao dirige, avec respect pour les anciennes valeurs de la mafia locale. Bin revient, la queue entre les jambes, mais a du mal à gérer la nouvelle situation. Le mélodrame légèrement féministe a lieu entre 2001 et 2018, période pendant laquelle la Chine a spectaculairement changé. Zhangke essaie de dépeindre comment les gens changent en leur for intérieur. Et l’enthousiasme est plutôt absent.
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