La Grande Bellezza
Paolo Sorrentino ne contrôle pas son penchant pour le grotesque et opte pour le gigantisme quand c’était plutôt la petitesse et la subtilité qui étaient indiquées. Alors ça devient parfois ridicule. Dans This Must Be the Place, laisser le champ libre à un Sean Penn grimé en Robert Smith de The Cure n’était pas une bonne idée. Avec La Grande Bellezza, Sorrentino se frotte à La Dolce Vita de Federico Fellini et à La Terrazza d’Ettore Scola. Pour certains puristes, cela suffit pour l’accuser d’hérésie. Mais un peu de mégalomanie, ça ne fait pas de mal. Et personne n’est jamais mort d’un abus de baroque. Quoique. Dans la scène d’ouverture, un touriste s’effondre après une overdose de beauté romaine. Ce prélude est suivi par une fête où l’élite de Rome s’éclate comme s’il n’y avait pas de lendemain. Sorrentino filme la fougue avec fougue. Trop fasciné par le bling-bling, la décadence et la beauté de la laideur pour faire la morale. Son film est une visite dans l’univers mondain de la jet-set romaine, déjà une des villes les plus mondaines du monde avant même que Jésus ne soit cloué sur la croix.
Et le guide est inoubliable. Toni Servillo, acteur fétiche de Sorrentino, campe magnifiquement Jep Gambardella. Cet écrivain qui a arrêté sa carrière après un livre est le pire des oiseaux de nuit, de ceux qui n’en ont jamais assez de faire la fête. En même temps, il n’a pas son pareil pour percer à jour l’idiotie d’une artiste performeuse et pour exprimer avec finesse le vide insupportable et l’ennui de la génération Botox-Berlusconi. Et tout cela dans une ville qui recèle tellement de beauté que ça en devient paralysant. Parce qu’il faut reconnaître que Sorrentino, parmi toutes ses folies, filme, parfois de manière totalement inattendue, la beauté et laisse de l’espace à une mélancolie qui ne vous lâche plus. La Grande Bellezza se balance magnifiquement et avec ostentation entre le brillant et le risible.
La Grande Bellezza ●●●
IT, 2013, dir.: Paolo Sorrentino, act.: Toni Servillo, Giovanna Vignola, 142 min.
IT, 2013, dir.: Paolo Sorrentino, act.: Toni Servillo, Giovanna Vignola, 142 min.
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