Le film de fin d'études de la bruxelloise Marie McCourt a raflé un des Oscars 2020 du film étudiant. Retenu par les Vimeo Staff Picks, le court-métrage est à voir gratuitement en ligne pendant quelques mois. La jeune danseuse vedette Anaé y tient le rôle principal.
Le court-métrage de la Bruxelloise Marie McCourt retenu par les Vimeo Staff Picks
En octobre dernier, un des trois Oscars décernés lors des 47e Student Academy Awards dans la catégorie fiction d'une école de cinéma internationale est revenu à la franco-danoise et bruxelloise d'adoption Marie McCourt, étudiante à l'IAD, pour son film I was still there when you left me. On était en pleine pandémie. La jeune cinéaste n'a pu se rendre à Los Angeles pour y recevoir sa statuette et c'est en streaming, depuis la chambre de son appartement ixellois, qu'elle a assisté à la cérémonie.
Aujourd'hui, le film est pour quelques mois en accès libre sur la plateforme Viméo. Et il vaut vraiment le détour. Tourné à la Cité Modèle de Laeken, il est librement inspiré par l'incendie de la tour Grenfell à Londres dans lequel ont péri 79 personnes. "J'ai été touchée par ce drame qui dit beaucoup de choses sur notre monde où on laisse des gens vivre dans des logements pourtant insalubres et dangereux. La Cité Modèle présente des similarités avec la tour Grenfell. C'est pour moi plus qu'un décor, c'est vraiment un personnage."
De la danse au cinéma
Le film nous fait vivre l'incendie par les yeux de Lila, une fillette de 7 ans, seule dans son appartement au moment où les flammes ont commencé à gronder. Pour l'interpréter, McCourt a choisi Anaé Romyns, une gamine qui, quelques mois plus tard, éblouissait la planète entière par ses talents de danseuse alors qu'elle était invitée avec sa prof, la chorégraphe et danseuse bruxelloise Jeny Bosenge aux 1 million de followers sur Instagram, sur les plateaux du show télé de Ellen DeGeneres à Los Angeles.
"Je l'ai découverte par hasard en assistant à un festival de danse au Mont des Arts. On l'avait un peu forcée à s'élancer sur la piste. Quand je l'ai vue danser, j'ai été frappée par sa capacité à lâcher prise et à faire le switch pour devenir quelqu'un d'autre. J'ai senti qu'elle serait parfaite pour le film. Elle a été la première à passer un casting."
J’ai senti qu’Anaé serait parfaite pour le film
Le tournage a duré huit jours. C'était une des contraintes posées par l'école pour les films de fin d'études. Si l'autorisation a été facilement accordée, Marie a dû se passer de caméos de la police et des pompiers. Et ce n'est pas plus mal, parce que ça a resserré le film sur les personnages en le rendant plus vibrant, plus organique. "En cours de tournage, j'ai compris que je ne pouvais pas avoir un scénario trop bétonné parce que j'avais besoin de travailler à l'instinct en improvisant."
Pour son premier tournage, Anaé s'est montrée très pro. "On voit qu'elle a l'habitude d'être avec des adultes. Elle est patiente et sensible. Bien sûr, elle était fatiguée à la fin de la journée, mais elle le prenait sur elle. C'était super inspirant."
La tournée des festivals
"Je me suis tout de suite sentie très proche de Lila", précise Anaé. "Comme moi, elle était excitée et joyeuse. Et je me sentais bien dans ses vêtements, parce que moi aussi, je suis tout le temps dans des vêtements de sport. Je suis plus à l'aise pour danser."
Marie a aussi fait ce film pour qu'il inspire la réflexion, voire des remises en question, sur les priorités qu'on donne dans la société et sur la manière dont sont gérées les cités de logement. Projeté dans plus de 25 festivals, le film a glané quelques prix et suscité l'enthousiasme.
Je me suis tout de suite sentie très proche de Lila. Comme moi, elle était excitée et joyeuse.
Désormais Marie Mc Court voudrait bien passer à autre chose. En premier lieu, elle voudrait terminer Studio Nagrin, un documentaire tourné au Burkina Faso. Elle y suit des jeunes parisiens inscrits dans une école de foot et de devoirs venus en Afrique à la rencontre de jeunes presque comme eux. "La rencontre n'a pas produit ce qu'on espérait. Sans doute avait-on trop d'attentes et trop de mise en scène. Du coup, ça a amené une réflexion sur l'attitude paternaliste dont l'Occident fait preuve vis-à-vis de l'Afrique et qui pourrait être mise en évidence dans le montage."
Dans ses films, McCourt aime travailler avec des acteurs non professionnels et elle a mis son instinct pour le casting sauvage au service du prochain film d'Eve Duchemin et d'une websérie. Et avec tout ça, elle trouve aussi le temps d'écrire le scénario de son premier long métrage.
Quant à Anaé, passé ses expériences médiatiques incroyables, elle est revenue à sa vie de petite fille star d'Instagram, qui aime la danse et le cinéma. Elle pense d'abord à continuer sa scolarité sans se prendre la tête. "Si j'en ai la possibilité, je ferais bien une école de danse, mais maintenant je n'y pense pas encore trop."
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