Dans le film oscarisé Promising Young Woman, une jeune femme balance ses porcs et leur en fait voir de toutes les couleurs. Jouissif.
'Promising Young Woman' : Carey Mulligan balance ses porcs
La principale distraction de Cassie ? Faire semblant d'être complètement bourrée dans des boîtes de nuit, pour ensuite suivre chez lui le pseudo-gentleman accouru à son secours et donner la peur de sa vie au pervers qui veut profiter d'elle pour satisfaire ses désirs. Le traumatisme qui motive la blonde angélique à remplir un carnet de notes avec des noms de pervers est révélé progressivement. Il s'avère également que c'est la raison pour laquelle elle a interrompu ses études de médecine, malgré son talent et qu'elle vit toujours, des années plus tard, chez ses parents bourgeois dans une maison meublée avec un goût douteux. Si moche que ça en devient drôle. L'humour, ainsi que l'immersion dans les couleurs bonbons et l'esthétique chewing-gum, masquent la noirceur et le côté tranchant de l'histoire.
Nouveau refrain
Ce film très médiatisé, nommé cinq fois aux Oscars, est classé à tort dans le genre des films de vengeance et plus particulièrement dans le sous-genre rape and revenge. Il n'y a ni débordement de violence, ni gore. Le scénario récompensé par un Oscar est plus ambitieux qu'un film de série B moyen. Il est signé par la réalisatrice débutante Emerald Fennell, actrice britannique (Call the Midwife et The Crown), qui a également prouvé qu'elle excellait en coulisses en tant que showrunner de l'excellente série Killing Eve. Elle prend le spectateur à contre-pied plus d'une fois et illustre une grande partie de la rhétorique toxique et des mécanismes malsains qui aident les violeurs à s'en sortir. "Elle l'a bien cherché" ; "On était bourrés" ; "J'étais encore un gamin" ; "On ne peut rien prouver" ; "C'est sa parole contre la mienne." Vous connaissez le refrain.
La réapparition de l'auteur du crime incite Cassie à passer à la vitesse supérieure et à confronter les protagonistes un par un. Cela ne se passe pas toujours comme prévu et l'entreprise de vengeance s'avère difficile à combiner avec les avances d'un prétendant : un pédiatre aux bonnes manières.
Carey Mulligan (Drive, The Great Gatsby et Far from the Madding Crowd) excelle dans un rôle principal tranchant mais exigeant. Elle change de look presque à chaque scène et alterne les registres avec brio. Qu'elle soit vulnérable, forte, drôle, amoureuse, en colère, ivre ou folle, elle est toujours dans le ton. En ne rendant pas son personnage caricatural, elle maintient le.la spectateur.ice en haleine et lui donne envie d'épiloguer par la suite. Sur la curieuse fin par exemple (tirée par les cheveux ou brillante ?) qui révèle le cœur sombre de ce conte moderne aux couleurs vives, qui traite avant tout de MeToo. Tant qu'il y a consentement.
PROMISING YOUNG WOMAN
UK, US, dir. : Emerald Fennell, act.: Carey Mulligan, Bo Burnham, Laverne Cox
Read more about: Film