L’électro psychédélique de YĪN YĪN

Chaque semaine, notre radar détecte un projet artistique qui mérite toute votre attention. Aujourd’hui, c’est l’électro psychédélique de YĪN YĪN qui traverse le monde avec le coffre chargé de trouvailles funky, disco ou exotiques. Au-delà du dépaysement, le groupe de Maastricht garantit l’ambiance. Bon trip assuré.

Ustensiles de cuisine, platine vinyle, table de salon, sacs de vêtements et autres cartons chargés d’objets (in)utiles occupent la journée de Kees Berkers. En plein déménagement, la cheville ouvrière du groupe YIN YIN accepte néanmoins de marquer une pause pour bavarder avec BRUZZ. Assis sur une caisse de bouquins, le musicien évoque le deuxième essai de sa formation : un ovni discographique lancé à travers des galaxies constellées de comètes funky, de boules à facettes disco, de poussières d’étoiles électro et d’autres sonorités piochées en Asie ou en Afrique.

Avant de piloter cette étrange machine à danser, Kees Berkers et les siens présidaient à la destinée des meilleures soirées alternatives de Maastricht. « Pendant sept ans, j’ai vécu dans un ancien complexe industriel, un squat appelé Landbouwbelang », indique le déménageur. « C’est un endroit idéal pour envisager d’autres façons de vivre ensemble. Que ce soit via l’horticulture, des ateliers communautaires, des fêtes ou des concerts. Il s’agit d’un espace de liberté artistique. » Désigné coordinateur musical des lieux, Kees Berkers y invite des fanfares balkaniques, des orchestres égyptiens, mais aussi des groupes branchés noise-rock, métal ou post-punk. « Je conviais aussi des DJs venus du monde entier », précise-t-il encore.

COMME UN OURAGAN

En marge de la vie en squat, les futurs musiciens de YIN YIN ont tous un passif dans le rock alternatif. « Mais à force de passer des vinyles lors de DJ sets, notre culture musicale s’est élargie. En cherchant de nouveaux sons et d’autres matières à danser, nous avons découvert des tubes afrobeat, funk ou italo-disco. Nous avons aussi mis la main sur des disques de rock’n’roll asiatique et quelques curiosités exotiques. » L’esprit dilaté par ces fêtes sans frontières, Kees Berkers et ses amis envisagent alors de repousser les murs du son au sein d’une nouvelle formation. YIN YIN est né de cette envie de décloisonner les traditions, de danser au-delà des genres et des continents. Entre réappropriations culturelles dopées aux hormones de croissance et appel du dancefloor, la musique proposée par la clique de Maastricht est une aire de jeu favorable aux rencontres. Point de convergence entre guitares et synthés, multiples percussions et folklore en lévitation, les morceaux de YIN YIN atterrissent aujourd’hui sur The Age of the Aquarius, un deuxième album signé sur l’excellent label Glitterbeat (Altin Gün, 75 Dollar Bill).

« Le titre du disque fait référence à une période astrologique propice aux bouleversements », explique Berkers. « Selon de nombreuses théories, l’ère du Verseau se manifeste à travers des dérégulations climatiques, des tremblements de terre, des ouragans et d’autres crises majeures. Tout porte à croire que nous avons composé notre album durant cette période de tension. L’ère du Verseau marque une transition vers d’importants changements structurels. » En attendant des lendemains qui chantent, YIN YIN entame les réjouissances via une trame instrumentale pacifique, cosmique et ultra cosmopolite. Bienvenue dans le monde d’après.

YĪN YĪN : THE AGE OF THE AQUARIUS

Glitterbeat Records 23/4, VK, 20.00, www.vaartkapoen.be