1525 OPMOC Brusilia
Interview

OPMOC au VK*: "Il faudrait supprimer toutes les frontières"

Benjamin Tollet
© BRUZZ
31/05/2016

À l'occasion de leur passage au Vk*, salle en voie d'extinction, les jeunes kets d'OPMOC présenteront leur nouveau single Half the Man I Used to Be, bien plus pop que le métissage musical auquel ils nous ont habitués.

Belle histoire que celle d'OPMOC, un groupe de potes du secondaire qui se réunissaient après l'école pour faire de la musique ensemble. C'était dans leur quartier à Schaerbeek, il y a un peu plus de dix ans. "On jouait des reprises de Bob Marley, de Nirvana, des Beatles, juste pour s'amuser. De temps en temps on avait un concert pour fêter un anniversaire. À un moment on était beaucoup de musiciens, presque dix, il y avait de l'accordéon, de la clarinette, du beatbox, c'était tout et n'importe quoi", se rappelle le claviériste Martin Salemi.

"Petit à petit, alors que les concerts se faisaient de plus en plus fréquents, certains ont quitté le groupe parce qu'ils n'avaient pas envie d'aller plus loin". On aurait tendance à se dire que c'est ce va-et-vient de potes musiciens qui confère à OPMOC sont éclectisme. Pourtant, les compositions sont toutes de la main de Martin Salemi, qui refuse d'ailleurs d'être considéré comme le leader du groupe. OPMOC est un collectif d'amis où tout le monde est sur un pied d'égalité et qui s'efforce de ne pas mettre trop le chanteur en avant. " On écoute tout plein de trucs différents et on a envie de jouer plein de styles différents. Ce qu'on fait n'est jamais très réfléchi. On ne se dit pas : tiens, il nous manque un truc salsa... Au contraire, la musique n'est pas une démarche intellectuelle".

Quand on lui demande quelles sont les plus grosses influences du groupe, Salemi hésite car le groupe n'aime pas se répéter et ne veut pas être mis dans une case. "Pendant ma jeunesse j'ai beaucoup écouté les Beatles, une influence de mes parents, et La Mano Negra, via mon frère. Portishead aussi. En tant qu'ado j'aimais découvrir plein de trucs, voir plein de concerts ", raconte Salemi. " Je me suis mis à décortiquer les musiques, instrument par instrument, pour trouver ce qui donne une certaine atmosphère ou un certain effet".

Salemi s'est mis à composer à partir d'éléments qui lui parlaient dans un morceau, pour en faire son propre truc en combinaison avec des éléments d'un autre morceau. Le Conservatoire (néerlandophone) de Jazz de Bruxelles a aussi joué un rôle : "Je rencontrais plein de musiciens qui me faisaient découvrir des nouveaux groupes. Mais les profs aussi étaient intéressants, il y avait des cours de salsa, de funk. C'était le jazz au sens large, au vrai sens du terme, avec le Latin jazz, le jazz fusion, le jazz-funk, très enrichissant".

Skunk
Si ce n'est pas évident de reconnaître l'influence des Beatles dans la musique d'OPMOC, la fusion et l'énergie de La Mano Negra est une constante. Et à l'instar de l'ancien groupe de Manu Chao, OPMOC éprouve les mêmes difficultés à répondre quand on leur demande de définir leur genre musical. "La Mano Negra avait forgé son propre genre, la musica patchanka, qui signifie " patchwork ". On a fait la même chose en qualifiant notre musique de skunk, mais c'était plutôt une blague, une manière de ne pas dérouler une liste de genres : funk-reggae-hiphop-salsa-punk-rock ", raconte Salemi. " Quand tu dis un genre, tu imprimes une image dans la tête des gens et tu es directement associé à cela. Les genres sont réducteurs, il y a tant de variations dans le funk ou le hip-hop. On met tous les groupes dans une boîte, même si ça ne rentre pas vraiment ". En dépit de la volonté du groupe, le skunk est devenu leur genre. "En Espagne on nous annonce comme les inventeurs du skunk ! [rires] Maintenant on dit qu'on fait du rock, comme La Mano Negra le disait à l'époque. Ça ne veut pas dire grand chose, on pourrait aussi dire musique du monde..."

OPMOC a prévu une surprise pour son concert au Vk* : le collectif présentera son nouveau single Half the Man I Used to Be, bien plus pop que ce à quoi ils nous ont habitués. Cette nouvelle influence vient d'une découverte: Donald Fagen, musicien de Steely Dan - un groupe qui mélangeait pop et jazz. "On a découvert le disque The Nightfly pendant notre dernière tournée en Espagne. C'est un vieux truc de 1982, mais on s'est pris une belle claque ! Notre nouveau saxophoniste (Jeroen Capens) est à fond branché sur ce son typique des années 1980. Au début j'avais du mal. On a écouté ça pendant toute la tournée et le disque nous a conquis, on le connaît par cœur ! Mais ça ne veut pas dire que tous les nouveaux morceaux vont sonner comme ça. Car c'est très différent de La Mano Negra !".

Après dix ans de carrière, ces anciens potes du secondaire ont entre 25 et 29 ans et ont fait les plus grands festivals belges, incluant Couleur Café, Dour et Esperanzah!. Ils ont joué dans les rues au Mexique, au Guatelama et au Bélize et se préparent pour leur cinquième tournée en Espagne. Les voyages et l'aventure sont des thèmes récurrents sur leurs albums. Le premier Journeys (2012) était littéralement un récit de voyage alors que le second No Borders fait allusion aux frontières rencontrées sur la route. "On lutte contre les frontières dans la musique, mais aussi entre les pays. Il faudrait supprimer les frontières, même si c'est assez utopique. En voyant tous ces séparatistes et ceux qui veulent renforcer les frontières, on se dit qu'on va dans la mauvaise direction. Les frontières sont néfastes au niveau politique, artistique, musical et social. Les pays, tout comme les genres musicaux, sont des créations dans la tête des gens".

Opmoc, 9/6, 19.30, Vk*

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