1798 O. the band Promo
Portret

'Pour nous, O. est d'abord un groupe de rock'

Nicolas Alsteen
© BRUZZ
04/05/2022

Chaque semaine, notre radar détecte un projet artistique qui mérite toute votre attention. Aujourd'hui, c'est O. qui, depuis Londres, offre une lettre de noblesse à la musique alternative. Entre rock, jazz, dub et électro, la proposition du duo anglais brouille les pistes avec une longueur d'avance.

En marge des nombreux désagréments générés par le confinement, un nouvel espoir est né à Londres sous les courbes de la quinzième lettre de l'alphabet. Au confluent du rock, du jazz, du dub et d'étranges manipulations électroniques, O. célèbre l'union d'un saxophone et d'une batterie. À la baguette, Tash Keary imprime des rythmes syncopés, tandis que l'ami Joe Henwood délivre ses envolées cuivrées. Cette association, peut-être l'une des plus captivantes de l'année, pose toutefois question. Pourquoi un groupe de la génération Z choisit-il la lettre O. comme nom de scène ?

Quel que soit le moteur de recherche utilisé sur Internet, le patronyme est en effet bien difficile à dénicher. "Trouver un nom original en 2022, ce n'est pas une mince affaire", rigole le saxophoniste. "Nous l'aimons d'abord pour sa forme géométrique. Et puis, il nous permet d'échapper à la question du genre. Car le O est la seule forme commune aux pictogrammes de Venus (représentant les femmes) et de Mars (représentant les hommes)."

Projet paritaire, O. roule sa bosse du côté de Peckham, quartier multiculturel situé dans le sud de Londres. Pour appréhender l'éclosion du duo, il faut toutefois se diriger vers Brixton. Où un pub, le Windmill, s'est érigé en centre névralgique pour toute une communauté artistique. C'est ici que tout a commencé pour des groupes comme Shame, Black Country, New Road, Goat Girl ou Black Midi. Aujourd'hui, le club londonien est aussi le port d'attache des explorations sonores orchestrées par O.

'Nous n’avons pas l’impression d’appartenir à une mouvance ou à un genre particulier. Chez nous, la musique tient avant tout à un équilibre entre le beau et le chaos'

"Si nous sommes à Bruxelles cette semaine, c'est grâce à cet endroit", assure Tash Keary. "C'est au Windmill que les gars de Black Midi ont vu notre premier concert. Après le show, ils nous ont proposé de les accompagner sur une tournée européenne. C'est comme ça que nous sommes passés par le Botanique en novembre dernier. C'est cool d'y revenir sans les restrictions sanitaires."

Du côté de Londres, l'association d'une batterie et d'un saxophone induit bien souvent l'avènement d'une nouvelle étoile dans la constellation jazz. "Nous sommes en relation avec plusieurs personnalités de cette sphère musicale", indique Joe Henwood. "Mais pour nous, O. est d'abord un groupe de rock. Quand je monte sur scène avec mon saxophone, je me sens d'ailleurs l'âme d'un guitariste." Un peu plus d'un an après sa création, O. a déjà fait plusieurs fois le tour de la question, se présentant en digne héritier d'artistes aussi variés que Radiohead, King Tubby, The Comet Is Coming ou Rage Against the Machine. Sur papier, ce name-dropping peut sembler illusoire et totalement improbable. En concert, pourtant, le duo parvient à fusionner ses nombreuses influences dans un va-et-vient de sons épileptiques.

"C'est très difficile de mettre des mots sur ce que nous proposons au public", confie Tash Keary. "Nous n'avons pas l'impression d'appartenir à une mouvance ou à un genre particulier. Chez nous, la musique tient avant tout à un équilibre entre le beau et le chaos." Un juste milieu qui permet désormais à O. de percer au plus haut niveau.

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