Chaque semaine, BRUZZ part à la recherche des images et des sons de Bruxelles. Explorateur du monde, Témé Tan allie son amour des mélodies chaloupées aux saveurs d’ici et d’ailleurs. Entre sonorités électroniques et pulsions organiques, ses chansons font souffler un vent d’air chaud sur la pop.
The Sound of Brussels: Témé Tan
À quelques enjambées de l’Hôtel de ville de Saint-Gilles, une sonnette récalcitrante abandonne ses dernières forces dans un étrange bourdonnement. Derrière la porte, des bruits de pas dévalent les escaliers. « L’interphone est grillé », lance un Tanguy Haesevoets à bout de souffle. L’homme qui se cache derrière les lunettes de Témé Tan nous introduit dans le bastion de ses créations : un petit salon douillet, bordé de machines et autres loop stations, une guitare électrique et quelques percussions aux origines lointaines. Avant de se lancer en solo, Tanguy Haesevoets prêtait ses talents de multi-instrumentiste au hip-hop transgénique de Veence Hanao. « Nous avons même joué une date ensemble aux Nuits du Botanique en 2009. Je m’en souviens bien parce que le lendemain, je me suis envolé pour le Japon ». C’est au pays du Soleil-Levant que le projet de l’artiste belgo-congolais voit le jour. « Ça faisait un moment que je bossais dans mon coin. Mais je n’avais jamais osé personnaliser ma démarche ». À Kyoto, il se métamorphose en Témé Tan. « Quand j’étais étudiant, j’ai passé un an à Grenade. En Espagne, les gens n’arrivaient jamais à prononcer correctement Tanguy. Alors, ils m’appelaient Tan. Et puis, en japonais, « Té » signifie main et « Mé », c’est l’œil. Sur scène, je retire mes lunettes. Ça m’évite de les perdre. Je me repère instinctivement en posant mes mains sur les instruments. C’est ainsi que j’ai opéré un rapprochement entre la vue et le toucher ». En 2011, Témé Tan enregistre quelques chansons et sort un E.P. en autoproduction. « Cette sortie est restée confidentielle. Elle n’a pas eu beaucoup d’échos dans les médias… ». Une déconfiture qui entraîne une remise en question et un nouveau voyage. « J’avais besoin de souffler, de changer d’air. C’est ainsi que je suis parti en Amérique latine ». Entre le Pérou et le Brésil, le guitariste refait le monde sur des cordes en nylon, revisitant les tubes de Kanye West, MC Solaar ou Mariah Carey sur des airs bossa-nova. « J’ai reçu des mails d’encouragement de gens qui avaient découvert mon univers sur internet. Ça m’a remotivé ». De retour, Témé Tan sort un 45 tours sur Limite Records, microlabel au nez fin qui avait publié le tout premier enregistrement du groupe BRNS. Par un heureux hasard, le single Améthys tombe dans l’oreille d’un programmateur de Radio Nova, en France. La chanson suscite l’intérêt de nombreuses maisons de disques. Aujourd’hui, Témé Tan prépare activement un premier album attendu pour 2017.
Saut du lit et marche à pied
« Chaque matin, je fonce dans un studio du côté de Ganshoren pour enregistrer jusqu’en fin d’après-midi. En ce moment, on me demande aussi régulièrement de revisiter les chansons des autres. Récemment, j’ai remixé Great Mountain Fire et Calypso Rose. À la maison, quand j’ai une idée de voix, je l’enregistre directement sur mes machines. Et puis, j’ai toujours un dictaphone à côté de mon lit. Allongé, je rêve parfois de chansons avant de m’endormir, quand mon esprit s’égare. Parfois, il m’arrive d’imaginer des morceaux en marchant. Du coup, je préfère me déplacer à pied. Ça me laisse davantage d’espace pour siffler ou chantonner ».Ces dernières années, les mélodies chaloupées de Témé Tan se sont métamorphosées au contact de sonorités digitales. Une orientation électronique qui trouve ses racines sur scène. « Quand je joue des concerts en solo, je n’ai pas toujours la force – ni le temps – d’embarquer tous mes instruments. Par simplicité, j’ai donc pris l’habitude de transposer mes compos sur un ordi, de façon à voyager léger ». Témé Tan façonne actuellement une formule à trois dans laquelle on croise le musicien brésilien Pablo Casella (du groupe Little Dots, NDLR) et la Ghanéenne Esinam Dogbatse. Un trio qui envisage ses chansons au carrefour des continents, dans un va-et-vient de sons hybrides et de refrains sans frontière. Chez Témé Tan, rythmes synthétiques et mélodies acoustiques s’unissent dans l’effort pour dépasser les clichés éculés de la musique dite « du monde ». Une somme d’influences qui se chantent en français, anglais, lingala ou japonais. Mais qu’importe la langue utilisée, les bonnes vibrations sont universelles.
Améthyste
À deux pas de la guitare électrique, coincée entre le sofa et des percussions aux origines exotiques, une vitrine abrite quelques minéraux : des pierres et autres cristaux. Pièce centrale de la collection, un quartz aux reflets violets retient toute notre attention. « Il s’agit d’une améthyste», indique Témé Tan en la laissant glisser délicatement entre ses doigts. « Cette pierre est un objet fétiche. C’est ma mère qui me l’a offerte quand j’avais 15 ans.
Commune: Saint-Gilles
ALBUM: en construction (courant 2017)
info: teme-tan.bandcamp.com
CONCERT: 2/7, 22.00, Beursschouwburg
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