Chez Leyla McCalla, famille et voyage ont toujours fait bon ménage. En grimpant dans l’arbre généalogique de la chanteuse, on aperçoit en effet le soleil d’Haïti. C’est là que ses parents ont vu le jour avant de déguerpir aux États-Unis, acculés par les diktats du président Duvalier.
Layla McCalla: baby blues du delta
Née à New York en 1985, Leyla McCalla a grandi dans le New Jersey jusqu’à son adolescence. Majeure et vaccinée, elle file du côté de Manhattan pour s’inscrire à l’université. Là-bas, à deux pas de l’arche de Washington Square, elle s’initie au violoncelle, se produit dans des bars et multiplie les jobs alimentaires. En quête de tranquillité, elle met ensuite le cap sur La Nouvelle-Orléans.
De New York à la Louisiane, Leyla McCalla trimballe son instrument de prédilection dans la rue, jouant pour les passants en échange de quelques piécettes. Repérée sur l’asphalte par le manager du groupe Carolina Chocolate Drops, l’artiste rallie la formation et goûte au succès en revisitant les traditions d’antan : country, skiffle ou folklore pastoral. La recette captive les foules et séduit la critique, au point de remporter un Grammy Award. La carrière de Leyla McCalla décolle. Pourtant, le grand tralala de l’industrie musicale l’exaspère. La jeune femme aspire à davantage de liberté.
Mélopées créoles, parfums cajuns, calypso et coups de blues contestataires
En 2013, elle quitte Carolina Chocolate Drops et s’évade le long des rives du Mississipi, imaginant un bout de paradis sur des airs de blues réchauffés par le souvenir d’Haïti. D’une ritournelle roucoulée en vieux français à une complainte créole étirée comme une peau de croco sous le soleil du bayou, ses chansons font du bien en explorant des thèmes douloureux (racisme, esclavagisme).
Aujourd’hui, l’artiste marque son retour dans l’actualité. De passage à Bruxelles pour défendre les couleurs éclatantes d’un troisième album résolument engagé, Leyla McCalla délaisse son violoncelle et s’entoure d’un groupe, le sien. Au service des morceaux enregistrés sur The Capitalist Blues, les musiciens donnent le change à des convictions bien arrêtées (Money is King). Jeune maman, Leyla McCalla s’inquiète, en effet, de la planète qu’elle va laisser à ses enfants, déplorant les failles du système sur un air de soul infusé de gospel (Heavy As Lead) ou s’insurgeant contre la guerre en Syrie via une belle saillie électrique (Aleppo).
Pour son concert à l’AB, la chanteuse américaine peut, en outre, compter sur le soutien d’Eriksson Delcroix. Connu pour avoir mis en son le film The Broken Circle Breakdown, le couple trouve ici une occasion rêvée d’affirmer sa préférence pour les parfums cajuns et l’essence du Delta blues. Soit une double affiche d’une cohérence musicale irréprochable, idéale pour refaire le monde. De Baton Rouge à Bruxelles.
LEYLA MCCALLA / ERIKSSON DELCROIX > 23/3, 20.00, Ancienne Belgique
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