Ça devient une habitude ! Claude Schmitz nous embobine (de cinéma). Avec Melanie Daniels déjà, l’auteur et metteur en scène bruxellois brouillait les frontières entre plateau de tournage et plateau de théâtre. Dans un vertige d’effets spéciaux et de mise en abîme, le spectacle nous confrontait aux affres de la création tandis que l’équipe d’un pseudo film hollywoodien sombrait dans d’improbables difficultés.
Cette fois, avec Les Béatitudes de l’Amour, Claude Schmitz part du véritable scénario d’un film qu’il s’apprête à tourner cet été pour, au préalable, en décortiquer le storytelling sur scène. De ce script, de sa structure inachevée, de ses morceaux de séquences et de ses personnages en friche, il présente une forme hybride qui ne sera ni sa lecture ni sa réalisation, mais une proposition poétique qui interroge les modes de narration.
Comme pour votre précédent spectacle, Les Béatitudes de l’Amour joue sur le fil, entre théâtre et cinéma.
Claude Schmitz : Avec Melanie Daniels, il s’agissait d’une équipe de tournage qui n’arrivait pas à monter un film, avec un réalisateur en crise et une équipe en perdition. C’était purement fictionnel, pour raconter l’envers de décor. Cette fois-ci, on retrouvera quasiment la même distribution mais il s’agit réellement du scénario d’un film que j’ai écrit avec Arthur Egloff et qu’on va réellement tourner cet été. La forme sera plus simple, plus réduite, même s’il y aura du son, des lumières, une scénographie. On est dans quelque chose de performatif, une sorte de laboratoire. Les répétitions vont se dérouler sur une dizaine de jours et ça tiendra plus de l’évocation du script que de sa réalisation.
Entre l’écran et la scène, votre cœur balance ?
Schmitz : Pour moi, il n’y a pas de hiérarchie entre le cinéma et le théâtre. Ce sont des codes différents. Quand j’ai réalisé mon premier film Tout comme les princes en 2012, ça m’a permis de mieux comprendre pourquoi je faisais du théâtre. Ce film, c’était un essai, sur le temps, sur le réel, sur ce que c’est que de sortir du théâtre pour se confronter au cinéma, trouver de vrais lieux, capter quelque chose des gens. Cette fois, le scénario est plus consistant et plus proche de ce que j’ai l’habitude d’écrire au théâtre, avec de vrais personnages et un humour un peu noir. Il y aura un jet-ski, une épée et quelques feux d’artifice pour agrémenter les mésaventures de Gabriel, Stan et Darius en quête du bonheur absolu et d’une bonne histoire à investir.
La démarche est quelque peu expérimentale ?
Schmitz : C’est quelque chose que, personnellement, je n’ai encore jamais vu : monter une pièce à partir d’un film avant de le tourner. Le scénario n’est pas une forme classique au théâtre. J’avais envie d’expérimenter ce mode d’écriture, basé sur l’ellipse, sur un plateau de théâtre. C’est quoi raconter une histoire à cet endroit particulier d’un texte, juste avant le tournage ? C’est un laboratoire et en même temps, la forme doit tenir en elle-même, sans le film. On est encore en train de retravailler le script. On le modifiera peut-être au fil des représentations, en fonction des retours.
LES BÉATITUDES DE L’AMOUR • 10 > 14/6, 20.30, €4 > 20, Théâtre de la Balsamine, avenue Félix Marchallaan 1, Schaarbeek/Schaerbeek, 02-735.64.68, www.balsamine.be.
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