Cette année encore, le D festival se dédouble au Marni et aux Tanneurs pour faire voyager la danse contemporaine par-delà les frontières. Emportant dans ses bagages des émotions, du mouvement, des images immobiles, il nous propose un cocktail tonique de danse, de concerts et d’exposition.
La danseuse Lise Vachon est enchâssée dans une table. Tels les phasmes, ces insectes qui se confondent avec les branches sur lesquelles ils sont posés, corps et décor se confondent dans un assemblage énigmatique. Inspiré d’une série de toiles de Michaël Borremans, Phasme, le nouveau spectacle de Fré Werbrouck qui ouvre le D festival, est une création collective où la chorégraphe s’associe à Eve Giordani et Claire Farah. Discrètes, silencieuses, les transformations du corps de la danseuse créent le trouble entre réel et illusion, visible et invisible, invitant le spectateur à une stimulante expérience du regard.
Phasme s’intègre dans un cycle Variations sur l’immobile. Pourquoi ce cadre ?
Fré Werbrouck : Ça fait quelques années que je me suis rendu compte que je travaillais des images fixes. Cela s’est affirmé à l’occasion de mon précédent spectacle, Sillon, où je collaborais déjà avec Eve Giordani. Elle avait créé des images qui étaient projetées sur le sol et sur lesquelles la danseuse se mouvait. C’était une manière de poser une contrainte qui force à réfléchir à l’image qu’on veut mettre en scène et à ne pas se laisser aller à quelque chose de plus brut. Mes autres pièces étaient plus kaléidoscopiques et j’avais envie d’aller vers quelque chose de différent. Sillon a été un moment de grâce. Pour Phasme, on est passées par un long travail de préparation qui a été très porteur. On s’est demandé ce que ça implique de mettre en scène une image qui est immobile, sans l’être complètement. C’est une image en transformation entre réalité et illusion. Il n’y a plus de certitudes mais des questions. C’est presque une manière d’être au monde.
Dans un spectacle qui joue sur les détails, comment capter l’attention du spectateur ?
Fré Werbrouck : On travaille beaucoup sur l’atmosphère. Il y a le travail de la lumière et toute la charge émotionnelle. Ça peut paraître conceptuel mais ce n’est pas le cas, on est dans du sensible. Le spectateur est confronté à l’expérience que vit la danseuse Lise Vachon enchâssée dans une table. La question de l’enfermement passe par une réalité très physique. Dans notre travail de préparation, on est parties dans les champs et dans les bois avec Lise et sa table et on l’a laissé improviser pour qu’elle intègre ce que ce dispositif pouvait impliquer dans son attitude corporelle et dans ses mouvements.
Si Phasme est une image, c’est aussi un récit ?
Fré Werbrouck : Effectivement. Le récit a été difficile à construire, mais il nous a semblé indispensable pour sortir de la simple image. La dramaturgie a commencé à émerger quand on a pu saisir qui était cette femme et quelle était son histoire. Curieusement, les choses se sont débloquées après avoir vu le film de Bruno Dumont Hors Satan. Du coup, on a imaginé cette femme dans la nature. Cette femme qui n’a pas lâché et qui a quelque chose à dire.
Avec un dispositif aussi fort, n’y avait-il pas le risque que les spectateurs ne voient plus que ça ?
Fré Werbrouck : On y a veillé. Au début, il y avait cette femme et la table mais grâce à la lumière, ça se limite parfois à un plateau et à un buste qui flotte, ce qui amène quelque chose de moins rude. Ça nous intéresse de proposer une image qui ne se limite pas à un sens unique.
Qu’est-ce qui vous intéresse dans le travail du peintre belge Michaël Borremans ?
Fré Werbrouck : On suit son travail depuis un bout de temps. Ces peintures nous interpellaient et nous touchaient en même temps. On avait envie de voir ce qui se cachait derrière. Il y a une puissance énigmatique qui se laisse difficilement dévoiler. Derrière cette femme, il y a une histoire. Tout au long du travail de création, on a continué à se poser cette même question. Certaines fois une réponse se dessinait, d’autres fois non car elle reste fondamentalement insaisissable.
PHASME
2 > 4/6, 20.00, Théâtre Marni, www.dfestival.be
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AUTRES D-TOURS
Dans Oshiire, l’autre création du festival, la chorégraphe japonaise Uiko Watanabe questionne la famille. En l’absence du père, une mère et sa fille vivent dans une grande maison, une relation dont l’imparfaite harmonie nourrit les zones d’ombre. L’oshiire est l’armoire encastrée où, derrière les portes de papier, les Japonais rangent les futons. Pour les enfants, c’est un endroit particulier, refuge pour se cacher et rêver mais qui peut aussi être un réduit menaçant où ils sont enfermés quand ils sont punis. Se réservant le rôle de l’enfant, Uiko Watanabe a confié celui d’une mère qui se confond avec sa maison à Vincent Minne pour un spectacle entre danse et théâtre où les émotions sont comme autant de chambres et de recoins de la maison des souvenirs. Comment le passage du temps s’inscrit-il dans les corps se demandent Lisa da Boit et Céline Curvers dans Il Dolce Domani où quatre hommes et une femme entre 38 et 55 ans tentent de dompter l’oubli dans un rituel éphémère. Entre concert et spectacle de danse, All Instruments de Sarah Ludi propose une composition visuelle et sonore à quatre voix. Gestes, trompette et batterie se partagent les pulsions jusqu’à amener le spectateur à être lui aussi instrument. Swietlika de Raffaella Pollastrini, plus particulièrement destiné aux plus jeunes, explore les imaginaires de l’enfance, les petits coins secrets où laisser courir les rêves et l’évasion. Dans un espace mouvant entre des panneaux mobiles, les trois danseuses dessinent de leur corps une ode à l’imaginaire.
D FESTIVAL
2 > 13/6, Théâtre Marni & Théâtre Les Tanneurs, www.dfestival.be
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D FESTIVAL
2 > 13/6, Théâtre Marni & Théâtre Les Tanneurs, www.dfestival.be
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