Si Jasmina Douieb, « la psy » dans La Trève, ne figure pas au casting de la nouvelle série RTBF (co)réalisée par Matthieu Donck, le couple bruxellois n’en continue pas moins de travailler main dans la main. Ensemble, ils signent la pièce de théâtre Je te promets. L’occasion pour BRUZZ de s’inviter chez eux.
| Le couple Jasmina Douieb et Matthieu Donck chez eux.
Les clés de la maison de Boussu
Matthieu Donck : « La mère de Jasmina avait une maison à Boussu qui appartient désormais à ses filles. On va souvent s’y promener. Ce lieu entouré de nature a été une sorte de porte d’accès à La Trêve parce que j’y ai vu tout l’univers de la série et que c’est dans les environs qu’a eu lieu le tournage. C’est un endroit où on aime beaucoup aller avec Jasmina, ça nous arrive d’y faire des retraites d’écriture. »
Jasmina Douieb : « Avec mes sœurs, on y retourne un peu comme en pèlerinage. C’est un lieu qui a une âme et où l’on trouve l’apaisement. On y ressent une vibration particulière qui appelle à la créativité. Sur un des murs trône une petite tête de biche. J’ai choisi de la sortir de la maison pour en faire un élément de décor de notre nouveau spectacle créé avec Matthieu Je te promets. J’aime placer des éléments de chez moi dans les créations, même s’ils ne sont pas spécialement visibles. La pièce de théâtre en question se passe également dans une maison de campagne où l’un des personnages invite ses copains à fêter ses 50 ans. La maison est vivante et se meut avec le personnage principal. Ce procédé fait écho aux questions de manipulation, de déni et aux jeux d’illusions qui traversent notre spectacle sur fond de thriller. C’est l’histoire d’un groupe d’amis qui part tout le temps en vacances au même endroit. Un week-end, une des filles amène son nouveau compagnon. »
Théâtre pop-up
Jasmina Douieb : « Avoir des enfants permet d’exposer chez soi des livres en carton et des petites figurines en plastiques (rires). Ce n’est donc pas mes filles qui sont derrière cette petite installation, c’est bien moi. Les objets m’amusent beaucoup et en théâtre, on travaille beaucoup avec des maquettes. »
« Je relie mon travail à l’enfance et au temps où je fabriquais des livres pop-up. Je devais avoir 9 ou 10 ans. Ensuite, j’ai commencé à jouer, j’ai rejoint une troupe pour enfants. J’ai découvert la mise en scène un peu plus tard. Je ne savais même pas que ça existait et c’est devenu ma passion. Ce que j’adore, c’est raconter des histoires. Je n’ai pas du tout l’habitude de travailler sur le polar et le suspense. Mon rôle à moi dans la création de Je te promets, ça a été de traduire visuellement le texte de Matthieu par l’artisanat du théâtre. »
Matthieu Donck: « C’est un projet à nous deux mais c’est Jasmina la cheffe. Enfin pas la cheffe mais tu vois ce que je veux dire (s'adresse à Jasmina en souriant, NDLR). Ça fait très longtemps qu’on avait envie de faire un projet ensemble. Elle avait déjà joué dans un de mes courts-métrages, et ensuite dans La Trêve. Je raconte beaucoup à Jasmina ce que j’écris et elle a un très beau regard sur mes textes. Elle est très encourageante et je crois que c’est primordial quand on écrit. »
La lampe en flamant rose
Matthieu Donck : « C’est la décoratrice belge Laurie Colson, la copine de la sœur de Jasmina, qui a trouvé ce flamant rose en néon pour les besoins de Des Gens Bien, la nouvelle série qui j’ai co-réalisée avec Benjamin D’Aoust et Stéphane Bergmans. Cet objet renvoie à l’esthétique des années nonante et l’univers de comédie noire proche des frères Coen qui sous-tendent la série. Même si Des Gens Bien se passe aussi dans les Ardennes, on a pris le contre-pied de La Trêve dans le sens où le criminel est connu d’avance. On est avec lui dès le départ et on cherche à comprendre ses motivations. »
« On s’était dit qu’on ne gardait pas les acteurs de La Trêve parce qu’on voulait changer d’univers. J’avais écrit un petit rôle pour Jasmina en la prévenant qu’il y avait des chances qu’elle soit coupée au montage et c’est ce qui s’est passé. Pour tout vous raconter, je me suis aussi coupé au montage, donc je me sens un peu moins mal par rapport à Jasmina (rires). Ce sont des choses qui arrivent. C’est toujours très douloureux et quand c’est Jasmina, c’est encore moins chouette car je dois rentrer à la maison après (rires). Mais on est là pour que l’histoire plaise aux téléspectateurs et non pas à nous. On ne fait pas des films pour nos potes.
Le chapeau haut-de-forme
Jasmina Douieb: « Cette maison est remplie d’objets de ma mère. Ce chapeau haut-de-forme, elle l’a repéré un jour que nous nous baladions sur un marché aux puces. Le chapeau a été fabriqué par un artisan de Charleroi du temps où la Belgique comptait de nombreux chapeliers. Ma mère me l’a acheté en pensant qu’il me serait utile parce que ce chapeau incarnait l’image qu’elle se faisait du théâtre : « Génial, il te servira sûrement ! ». Ce chapeau en dit long sur le rapport de ma mère à mon métier. En réalité, je n’en ai jamais eu besoin dans mes créations mais mes filles l’ont énormément utilisé pour se déguiser, notamment pendant le confinement. On s’est confiné à deux familles. Matthieu animait un atelier cinéma avec les enfants et moi un atelier lecture de textes mythologiques. À la fin du confinement, ils sont ressortis avec un petit film.
Read more about: Podium