Le peintre allemand Ulrich Lamsfuss expose pour la première fois en Belgique. À la Galerie Daniel Templon, il présente son travail caractérisé par un hyperréalisme conceptuel qui déconstruit le statut de l’image et la notion de reproduction.
Expo de la semaine: Ulrich Lamsfuss à la Galerie Daniel Templon
Au premier regard, les toiles d’Ulrich Lamsfuss jettent le trouble, comme c’est souvent le cas chez les peintres hyperréalistes. Mais ici la réalité n’est pas celle qu’on croit. Le peintre allemand travaille exclusivement à partir de photos parues dans des magazines, catalogues d’exposition, ouvrages techniques ou sur internet.
Passant du mode jetable à la toile peinte, l’image change de statut et de temps de lecture. L’image est aussi décontextualisée, tout ce qui accompagne la publication originelle a disparu au profit d’une peinture à l’huile réalisée avec une minutie maniaque digne d’un moine copiste.
Armé d’un pinceau à deux poils, il peut passer plusieurs mois à achever une toile. En reproduisant ces images, l’artiste met en jeu leur statut, les notions de reproduction et d’original. Pour évacuer toute confusion, le nom de l’auteur de l’image devient d’ailleurs le titre du tableau. On n’est pas loin de l’art d’appropriation, si ce n’est que chez Lamsfuss, c’est le sujet qu’il s'approprie pour le multiplier.
Karl Marx
Une de ses toiles, intitulée Jeff Koons, représente un bouquet de fleurs dans un vase uniforme. Lamsfuss l’a peinte à partir d’une photo dans un catalogue de l’artiste américain qui lui-même a réalisé une sculpture d’un vase débordant de fleurs comme on peut en trouver dans les natures mortes hollandaises.
Fasciné par la reproduction, Lamsfuss s’intéresse aussi à celle que nous offre la nature, à savoir les reflets dans l’eau comme ceux reproduits sous la semelle d’une chaussure de sport magnifiée dans une publicité pour la marque à la virgule.
Sur le mur du fond de la galerie, quatre peintures identiques d’un faux vase Empire de l’époque soviétique orné du portrait de Karl Marx. Tiré de son contexte, l’objet de dévotion et de fanatisme devient un objet anachronique et un peu ridicule. Si les peintures sont identiques, chacune est un original peint à des moments différents.
Les plus maniaques pourront s’amuser à chercher les différences, mais là n’est pas le but. L’artiste déclarant benoîtement que quand une peinture lui plaît, il a envie de la peindre encore et encore. Pour se libérer de la tension qu’exige la minutie de son travail, Lamsfuss s’adonne à des dessins ou des aquarelles où sa main se libère.
Ce sont à nouveau des photos parues dans les magazines où il annote soigneusement au crayon l’origine des clichés. Ils introduisent un peu de vie dans un univers pictural où toute émotion est absente du geste. Et qui, paradoxalement, offre à ces images englouties dans le flot médiatique, une nouvelle virginité.
> Ulrich Lamsfuss. > 24/2, Galerie Daniel Templon, Saint-Gilles
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