Dans cette première rétrospective à la Wetsy Art Gallery, l’artiste belgo-congolais Nelson Louis réunit ses peintures éclatantes de couleurs et de détails. Il y revisite l’histoire coloniale à travers son regard personnel et iconoclaste.
Nelson Louis ou l’histoire coloniale en couleurs
« Quand je dessine Léopold II avec la toque de Mobutu, un œil au beurre noir et le nez qui coule, et que je l’appelle NéocoLéo, un mélange de Néocolonial et de Léo, c’est pour distiller des éléments sur l’histoire coloniale belgo-congolaise. Mon but est de pousser les gens à s’interroger sur cette époque. »
Dans une autre peinture, Nelson Louis représente Patrice Lumumba attaqué le soir de son assassinat, crachant un jet jaunâtre dans un verre de bière. C’est une manière pour l’artiste de rappeler que l’éphémère Premier ministre du Congo avait été engagé par la Bracongo (acronyme des « Brasseries du Congo ») pour promouvoir la bière Polar à Léopoldville, ce qui a pu l’aider dans sa conquête politique.
SE SOUVENIR
« L’histoire coloniale est pleine de petits secrets de Polichinelle que je raconte à mon niveau, mais qui peuvent peut-être égayer certains ou pousser d’autres à aller chercher des informations. Cela pourrait aussi motiver d’autres artistes à ne pas avoir peur de créer à leur tour leurs propres images. »
La mémoire collective est au cœur du travail de l’artiste belgo-congolais, qui nourrit ses peintures d’images hétéroclites de toute origine. On y retrouve des portraits de personnalités importantes, connues et moins connues de l’histoire congolaise, ainsi que des masques, des animaux de la jungle ou encore des icônes de la culture populaire occidentale.
« Sans surréalisme, ça ne serait pas vraiment belgo-congolais »
« C’est ma vision de l’histoire coloniale, façonnée à travers des lectures, des témoignages et mon vécu. Bien sûr, avec une touche de surréalisme, sinon ce n’est pas vraiment belgo-congolais. »
SE SOIGNER
L’artiste confie peindre pour témoigner, pour se rappeler d’une période qu’il n’a pas connue et aussi pour se soigner, comme dans sa série Homme sweet home, une suite d’autoportraits à l’acrylique et au pastel où il se représente sous la forme d’une maison. « Parfois, il y a des maisons enflammées, parfois des couleurs plus joyeuses, parfois des teintes plus sombres. C’est une forme de psychanalyse personnelle à travers laquelle je peux exprimer mes émotions. »
Nelson Louis a aussi été sélectionné pour créer une œuvre dans le cadre de l’aménagement du square Lumumba, devant le square du Bastion à l’entrée de Matongé. Baptisée Les Isolés, cette installation sculpturale, placée à deux pas de la statue de Léopold II sur la place du Trône, rend hommage aux trois hommes politiques congolais exécutés en 1961 : Patrice Emery Lumumba, Maurice Mpolo et Joseph Okito. Un projet qui attend encore l’approbation du conseil communal.
Aujourd’hui, Nelson Louis s’est établi « chez lui » à Kinshasa, où il compte bien rester. « Je trouve ça beaucoup plus pertinent pour mon travail. J’ai passé 28 ans de ma vie à Bruxelles. Il est temps de passer 28 ans ici et, à 56 ans, je ferai le bilan. »
La rétrospective consacrée à Nelson Louis est à voir à la Wetsi Art Gallery jusqu’au 14/12, Instagram : wetsi.art.gallery
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