Column

Marie Darah: 'Bruxelles, t’es belle quand tu mets des claques'

04/06/2024

Marie Darah chante, joue la comédie, écrit et slame. En alternance avec Arno Boey, iel se laisse inspirer par sa ville à laquelle iel dédie un poème.

Bruxelles, d’un banc à l’autre des hémisphères
Atome de poussière ruminant de chagrin
J’écris, criblé·e de ne pas savoir faire

Entre l’Amour qui s’échappe
Et la Haine qui ne fuit plus
Où est-ce qu’on se retrouve ?

T’es l’enfer et le paradis en contraction
De Sainte-Cath où les mots punchent
Au Talk du Grand hospice
Où la frontière sociale se visible
S’embrasse, se dégoûte, se joute
S’emmêle et s’enlise sous flot d’alcool
Payé no cash par carte only

Croire tout comprendre. Puis se croiser tendax
Les remords, les regrets, les efforts, les progrès
On gravite là, à marteler : la rêvolution marche
Fatigué·es, mais là, coeur à genoux

Dis Bruxelles
Pourquoi j’ai mal au tendre quand je la revois ?
Et pourtant l’espoir, ne me quitte pas

Minorisées dans les yeux du trottoir
On est pourtant plus nombreuxes
À faire moins semblant d’être heureuxes

On scrute Ciel sans Pluie sur Horizon
Sachant qu’ailleurs, pleut des tombes
Pour qui nous ressemble, de près ou de loin
L’étrange et l’estimable, seront viande

T’as remarqué Bruxelles ?
Que toutes nos vies, n’ont pas de noms
Mais nos histoires s’amoncellent
Sur tes pavés, la révolution !

Les idées puantes ruissellent du haut
Mes les valeurs se crachent d’en bas
On ferme plus la gueule, #plusmoi

On va s’entre révolter, réveiller nos dénis
Un poème, un récit, un film, un docu, un livre
Une chanson, une perfo, une table ronde
Une rencontre, nos histoires après d’autres
Devenir individus conscients sous l’été à taton

Monde d’après
Société qu’on déconstruit maintenant
Certainxes rebâtissent déjà

Mai a un goût de Rafah
Juin de Soudan, de Congo, de Ouïghours
Des massacres pour le confort
De nos désamours compressées

Un jour on va comprendre
Nos incohérences, nos inactions
Réaliser qu’ici ou ailleurs
Bruxelles ou là-bas

Si les meurtres des autres
Payent nos oublis artificiels
C’est qu’on a bien merdé

Bruxelles, t’es belle quand tu mets des claques
Ouvrant les dissonances cognitives
De celleux qui se ferment
S’ivressent de luxe pour se supporter

Ce sera peut-être pas pour cette année
Le grand renversement
Et je serai peut-être plus là
Mais les rêves ça repoussent

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