Le gazon est impeccable, les haies sont taillées au cordeau. Les allées de gravier bien ratissées. Un bruit étouffé de tondeuse nous rappelle par où il a fallu passer pour en arriver là. Une statue musculeuse sur son socle domine de sa hauteur ce bout de territoire normalisé, affirmation du pouvoir sur un univers sans vie. Comme sortie de sous la terre, une forme s’avance en rampant. Un short bleu, un polo rouge qui ne sont pas sans rappeler cet enfant syrien retrouvé mort sur une plage de Turquie après s’être noyé dans la Méditerranée.
L’Article 13 qui donne son nom au spectacle est celui qui garantit à tous le droit de circuler librement à l’intérieur d’un état, ainsi que le droit de quitter son pays et aussi d’y revenir. « J’avais envie d’offrir à ce petit garçon un jardin pour qu’il puisse continuer son voyage et continuer à rêver », explique Phia Ménard.
Face aux frontières qui se ferment, aux cadavres qui s’accumulent, Phia Ménard répond par une fable métaphorique, pas de paroles de révolte, mais par des gestes, des mouvements et des actes. Ceux de la danseuse chorégraphe Marion Blondeau qui incarne cet enfant au visage masqué qui rêve à d’autres horizons. Sa gestuelle non conventionnelle, organique, dérisoire parfois, est notamment inspirée par le krump.