Quatre hommes torturent Brahim à mort. Et la seule chose qui pourrait servir de loin à une explication est l'homophobie. Animals de Nabil Ben Yadir est extrêmement dérangeant et bien conçu.
'Animals' : extrêmement dérangeant et bien conçu
Nabil Ben Yadir combine le courage d'aborder les sujets les plus difficiles et l'intelligence d'un film réussi. Le cinéaste autodidacte de Molenbeek, qui faisait fureur en 2009 avec la comédie Les Barons, dédie Animals à Ihsane Jarfi.
En 2012, ce jeune homme est monté dans la voiture de quatre hommes qui l'ont torturé à mort pendant des heures jusqu'au lever du soleil. Décembre 2014, la cour d'assises a condamné les auteurs du crime aux peines les plus lourdes et, pour la première fois, a retenu l'homophobie comme circonstance aggravante du meurtre.
Nabil Ben Yadir montre l’incompréhensible violence extrême dans toute sa monstruosité choquante
Dans le film, la victime s'appelle Brahim et non Ihsane, mais en fait, Nabil Ben Yadir s'écarte peu des faits réels odieux qui ont accablé le pays de questions difficiles. Dans une interview pour BRUZZ, le réalisateur précise qu'il ne vise pas un public bobo mais un public "moins allergique à la violence et qui aurait pu se trouver dans la voiture la nuit du drame. Pas comme victime mais comme bourreau." C'est pourquoi il montre l'incompréhensible violence extrême dans toute sa monstruosité choquante.
Pénible crédibilité
Avec le directeur de la photographie Frank van den Eeden (Girl, Home, Kid, The Invader), Ben Yadir a trouvé le moyen de représenter la violence sans l'esthétiser. Les acteurs qui jouent le rôle des agresseurs filment les humiliations et les tortures avec des téléphones portables. Le résultat n'est pas seulement d'une crédibilité écœurante.
On voit également comment les meurtriers se mettent en scène devant leurs caméras et s'adressent à un public qui a apparemment besoin d'être convaincu qu'ils ne sont pas gays et qu'ils sont encore plus durs et virils que leurs amis.
La troisième partie du film est dans sa banalité un miroir très troublant de la première. Dans la première partie, Brahim déplace des tables lors d'une grande fête familiale pour sa mère, nerveux à l'idée de l'arrivée de son ami, luttant contre la pression de cacher son orientation. Douloureusement isolé. Dans l'autre partie, l'un des tortionnaires traîne des tables au mariage de son père comme s'il n'avait tué personne cette nuit-là.
Le film n'a pas la vie facile. Les plus grands festivals de cinéma n'ont pas osé le projeter. Il a traîné sur les étagères pendant trois ans à cause du covid. Et Animals n'est pas à recommander si vous voulez aller au cinéma pour vous détendre. Mais à apprécier à sa juste valeur : du cinéma qui fait froid dans le dos. Soyez courageux. Ne détournez pas les yeux.
ANIMALS
BE, dir.: Nabil Ben Yadir, act.: Soufiane Chilah, Gianni Guettaf, Vincent Overath
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