Poétique et radical : Cinematek fête Pasolini avec des projections et une exposition

Vive les anniversaires. Surtout s'ils donnent l'envie à la Cinematek de rejouer les films poétiques et radicaux de Pier Paolo Pasolini, et d'y ajouter une exposition.

Pier Paolo Pasolini est né il y a exactement cent ans. C'est une chouette anecdote, mais la Cinematek en profite pour mener une offensive PPP avec une exposition et la projection de tous ses films.

Tous ses films ? Oui, même le notoire Salò o le 120 giornate di Sodoma (1975), son adaptation libre, extrêmement pessimiste et à peine tolérable du roman le plus extrême du Marquis de Sade. Ce démasquage du fascisme dans une république où Mussolini et les siens se sont retirés à la fin de la Seconde Guerre mondiale, est composé de scènes dans lesquelles la jeunesse est humiliée jusqu'à la moelle, mentalement, physiquement et sexuellement. Pasolini ignore que nous n'avons toujours pas appris à gérer ses films, longtemps interdits, car quelques mois avant la sortie de Salò, il fut assassiné de façon cruelle dans des circonstances jamais vraiment éclairées.

Il avait suffisamment d'ennemis en tant que poète, homosexuel, marxiste, mystique, philosophe, écrivain, polémiste, athée, rebelle et réalisateur de films dotés d'un intérêt particulier pour les bas-fonds de la société. Et le fait qu'il ne ménageait personne, même pas lui-même, et son obsession pour les puissants qui n'hésitaient pas à écrabouiller les indésirables ou les faibles, n'ont pas aidé non plus.

En tant que réalisateur, il a commencé dans le néoréalisme, mais n'y a pas terminé. Des films époustouflants comme Il vangelo secondo Matteo, Mamma Roma et Accattone lui ont valu une place au panthéon des grands réalisateurs italiens des années soixante et septante. Il Decameron (1971), I racconti di Canterbury (1972) et Il fiore delle mille e una notte (1974), des adaptations humoristiques de chefs-d'œuvre érotiques, sont surnommées la "Trilogie de la Vie".

L'exposition, quant à elle, mêle œuvres numériques et plastiques de l'artiste Chantal Vey, avec des documents qui témoignent du voyage qu'a décrit PPP dans La lunga strada di sabbia.

PIER PAOLO PASOLINI
4/3 > 18/4, Cinematek, www.cinematek.be