Voyage à Tokyo finit souvent en première position quand on tente d'élire le meilleur film de l'histoire du cinéma. Mais le grand maître japonais Yasujirô Ozu a encore réalisé bien d'autres joyaux intemporels. Le Goût du riz au thé vert par exemple.
Yasujirô Ozu, grand maître du cinéma japonais
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Autant Akira Kurosawa est le virtuose des films à grand spectacle tels que Les Sept Samouraïs, autant Yasujirô Ozu (1903-1963) est le réalisateur raffiné par excellence des drames de la vie quotidienne ou Shomingeki. Son film le plus connu est Voyage à Tokyo, qui est régulièrement élu meilleur film de l'histoire du cinéma par les cinéphiles, aux côtés de Citizen Kane et Vertigo.
Mais Ozu n'est pas le genre de cinéaste qu'on peut cerner avec un seul film. Il a réalisé une cinquantaine de longs métrages qui, ensemble, esquissent un portrait du Japon, coincé entre tradition et modernité, ayant connu une forte évolution pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Nombre de ses films ont merveilleusement survécu au temps qui passe. Parmi eux Le goût du riz au thé vert, qui sera projeté la semaine prochaine à Flagey.
À première vue, il s'agit d'un drame familial plutôt simple, à propos d'un mariage qui s'est éteint. Mais plus vous le regardez, plus il dévoile ses secrets. Parfois, on goûte plus d'amertume que de douceur, parfois c'est l'inverse. Dans cette lutte, ni le bonheur ni la tristesse ne gagnent le combat. Un couple sans enfants n'a plus trop de choses à se raconter. Leur cousine plus jeune et têtue utilise leur malheur comme excuse pour ne pas se marier, et certainement pas avec un mari qu'on lui imposerait. À une certaine époque, ne pas se marier était progressif.
Mais Ozu ne veut pas forcément mettre la cousine à l'honneur. La vie est rarement, voir jamais, sans ambiguïté. L'entente et l'expérience peuvent permettre à un couple d'aller loin. Même sans véritable passion, le couple est possible. Il existe un genre de compromis. Verser de la soupe sur le riz peut être un peu grossier, mais une tasse de thé vert peut subtilement rendre le riz meilleur. Ozu ne prêche pas, il observe, en toute quiétude et imperturbable, de façon délicate mais en atteignant son but.
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