La chanteuse Melanie De Biasio clôture une longue tournée européenne avec trois concerts sold out à l’AB. Les promoteurs étrangers ont rarement vu leur public aussi calme et attentif. Un phénomène qui s’explique par son mystérieux son minimaliste qui semble bien accueilli où qu’elle aille.
| Melanie De Biasio: « Peut-être bien que je veux disparaître. »
La cerise sur le gâteau », c’est comme ça que Melanie De Biasio qualifie les trois derniers concerts qu’elle s’apprête à donner dans la ville où elle a habité pendant des années, mais qu’elle a depuis peu troquée pour sa terre natale, Charleroi.
Après une trentaine de concerts en Angleterre, en France, aux Pays-Bas, en Allemagne, au Danemark et en Suisse, la chanteuse, flûtiste et compositrice belge d’origine italienne s’apprête à présenter à l’Ancienne Belgique son album sorti en automne dernier Lilies.
« Parfait, juste avant Noël », dit-elle en regardant par la fenêtre avec enchantement. Dehors, il a commencé à neiger. « Lorsque je me suis réveillée ce matin à Charleroi, tout était blanc. Une fine couche qui a fondu en une heure, mais c’était la première neige. I love it. Je suis folle des saisons et surtout de la transition entre chacune d’elles. Pour moi, ces changements sont presque un besoin physique, comme si mon corps y puisait son énergie ».
Au niveau météorologique, De Biasio reprend vie grâce à ce qui se passe entre les saisons, au niveau musical, la magie opère avec ce qui se trouve entre les notes. « Le plus important entre deux notes c’est le souffle parce que c’est là que se cache l’intensité de chacune d'elles. Ce souffle contient pour moi tout l’univers, ce qui explique aussi l'existence de la note. »
Raison pour laquelle la chanteuse travaille en studio en faisant des prises uniques, et raison principale pour laquelle sa musique attire les auditeurs. « Les promoteurs en Angleterre, en Allemagne et aux Pays-Bas m’ont dit qu’ils ont rarement vu un public aussi calme et attentif. Ça ne m’avait pas frappée parce que c’est une constante pour moi ». Avant de poursuivre en murmurant : « Peut-être bien que je veux disparaître. »
Une référence à la force de son mystérieux son minimaliste, mais toujours intense qui vogue entre jazz, blues et pop. Les oreilles d’un auditeur s’enthousiasment toujours pour quelque chose qui n’est presque plus là. Et c’est pareil pour elle. Lorsque nous lui demandons quels artistes ou groupes elle aimerait pouvoir encore voir en live, elle répond : « Jimi Hendrix, Led Zeppelin, The Doors, Bob Marley en la jeune Nina Simone. »
Lors d'un entretien précédent, vous avez commenté une interview filmée de Mark Hollis de Talk Talk. « Before you play two notes, learn how to play one note, and don’t play one note unless you’ve got a reason, » il résumait bien le moteur derrière votre son minimaliste.
MELANIE DE BIASIO : C’est un exercice perpétuel d’enlever toutes les épluchures du fruit et laisser fleurir l’essentiel afin de continuer à donner votre confiance, votre concentration, vos soins et beaucoup d’amour à cette petite graine qui attend à l’intérieur de pouvoir germer. Après Blackened Cities, un disque plus rapide, un retour à la base s’imposait et pour moi la base c’est le souffle.
J’ai décidé de me retirer avec un minimum de matériel : un ProTools SM58, des claviers, une vision, un souffle et une voix. Je voulais être la plus seule possible. Seul Pascal Paulus pouvait être là, parce qu’il sait à quel point je peux être minutieuse et control freak.
D’où vient cette pulsion de vouloir tout réduire à l’essence ?
DE BIASIO : J’ai besoin d’espace. Je dois pouvoir créer un autre espace, un autre tempo. Dans ce tempo doit se trouver de l’écho, qui donne à l’auditeur l’espace de laisser venir quelque chose. Lorsque ça vient, mais que ce n’est donc pas encore là, alors il y a du temps pour interpréter. Comme quand vous laissez un silence. Mais ça n’est pas un silence, parce que c’est déjà en route. C’est une présence.
Votre longue tournée touche bientôt à sa fin. Est-ce que ça n’était pas pénible de vous concentrer chaque soir, sans relâche, sur votre souffle ?
DE BIASIO : Non, au contraire. Chaque soir, je me disais : Yes, I love my life. Chanter me donne de l’énergie. Il y a d’autres choses qui me fatiguent en tournée. Je me sentais comme une sportive, parce que c’est un job exigeant d’un point de vue physique et mental, mais le soir, il y avait cette récompense de pouvoir chanter. C’est comme ça que j’ai découvert que j’aime la vie sur la route, tant que je peux me déplacer d’une ville à l’autre convenablement, profiter d’une bonne nuit de sommeil et bien manger.
Vous avez déménagé à Charleroi dernièrement. Vous y avez fait l’acquisition d’un bâtiment majestueux qui abritait autrefois le consulat italien. Vous étiez blasée de Bruxelles ?
DE BIASIO : Non, mais il était temps de rentrer. J’aime Bruxelles, mais mon coeur est à Charleroi. Que mon oeil se soit arrêté sur un ancien consulat italien tient naturellement du hasard, mais j’aime ce genre de hasards. Le but est d’en faire une résidence où d’autres artistes peuvent se retrouver. Je nourris cette idée depuis longtemps. Je veux me poser comme et avec qui je veux…
Bruxelles est une ville parfaite pour créer, avec beaucoup de bons musiciens et d’endroits où jouer, mais je n’y avais pas de projet de vie - un amant peut être un projet de vie. Bruxelles reste un endroit important et stratégique pour créer. C’est le nid parfait pour travailler mais ça n’est pas mon nid pour aimer.
Quelle est la prochaine étape musicale?
DE BIASIO : J’essaie de ne pas me projeter trop loin, je me concentre sur l’instant présent. Donc d’abord l’AB et puis on verra. Je trouve ça plus sage. Je ne regarde pas non plus en arrière. Pourquoi ferais-je cela ? Les choses sont telles qu’elles sont. Si vous êtes honnête avec vous-même, l’étape suivante est déjà fixée.
> Melanie De Biasio. 17 > 19/12, 20.00, Ancienne Belgique
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