Sound the Alarm: Fabrice Murgia (Théâtre National)

Fabrice Murgia est directeur du Théâtre National. "On est perturbés par la rigueur imposée à la culture au regard des autres secteurs."

Fabrice Murgia ne voit pas la période de contraintes d’après-confinement comme un aiguillon pour la créativité et des solutions, mais plutôt comme une longue liste de tout ce que l’on n’a pas pu faire. Dans le vaisseau de verre du Boulevard Jacqmain, comme dans beaucoup d’autres institutions théâtrales, il a d’abord fallu jouer avec les plannings et la programmation. Recaser en automne une partie des spectacles qui n’ont pu être joués en fin de saison précédente et ensuite repousser le plus loin possible les spectacles à grande distribution prévus dans la grande salle qui ne peut actuellement accueillir en principe plus de 173 spectateurs.

Ça en fait 450 qui ne verront pas le spectacle et qui ne le verront probablement jamais. "On est assez perturbés par la rigueur de ce qui est imposé à la culture au regard des autres secteurs", déplore Murgia. Alors que dans une salle, les gens restent assis et regardent toujours dans la même direction.

Le caractère fluctuant de ces décisions n’arrange rien à l’affaire, d’autant plus que chaque niveau de la lasagne institutionnelle belgo-bruxelloise se renvoie la balle. Dernier motif de courroux, l’interdiction des sorties culturelles scolaires, ce qui représente non seulement un manque à gagner mais également un renoncement à une mission sociale.

À la suite des bagarres à Blankenberge, on a peu entendu qu’il fallait plus de culture et d’éducation. Seule petite éclaircie dans ce ciel plombé, c’est la fidélité du public d’abonnés qui, dans sa grande majorité, a manifesté sa volonté de toujours venir au théâtre.