Le Musée du design au pied de l’Atomium a invité dix designers belges à raconter leur travail en tissant des liens avec le passé et avec le futur. Une exposition qui reflète les préoccupations et les angoisses de notre époque pour mieux se projeter dans l’avenir.
Le design à l'épreuve du temps
Les designers marquent le style d’une époque. Même lorsqu’ils veulent s’affranchir de la mode et suivre leur propre chemin, ils finissent, surtout s’ils sont originaux, par définir et identifier une période. Personne ne sait ce que l’on retiendra, dans 50 ans ou plus, des dix designers présents dans la dernière exposition de l’ADAM, mais on est déjà certain qu’ils composent tous ensemble le prisme d’un design contemporain singulier.
Ces designers ne créent pas dans une bulle, ils regardent aussi en arrière et devant eux. C’est ce qu’a voulu souligner la commissaire Giovanna Massoni en proposant à chacun des bureaux de design invités de dévoiler leur démarche créative par quelques pièces de leur production et par une pièce du passé, choisie dans les collections du musée. Et puis aussi par l’effort prospectif d’imaginer leur objet de design pour 2050.
L’intrigante scénographie de Dogstudio participe à la réussite de l’expo. En entrant dans la salle, les œuvres se dissimulent à notre regard et on voit ramper sur le sol des câbles noirs constellés de lumières pulsantes qui relient les boîtes-présentoirs comme les veines irriguant un gros cerveau commun.
En toute simplicité
Difficile, et c’est heureux, de trouver des points communs entre les dix bureaux présentés, d’autant plus que le choix très ouvert rassemble aussi bien le sportswear de 42/54 des athlètes Elodie Ouedraogo et Olivia Borlée que des designers objet et mobilier comme Jean-François D’Or, Kaspar Hamacher ou Alain Gilles, que le design textile de Luc Druez ou le bureau de branding et de graphisme de Hoet & Hoet. Chaque designer organise sa petite narration dans son espace en tendant une ligne du temps fluide entre passé, présent et futur.
La simplicité des formes et le choix réfléchi des matériaux semblent être une constante qui traverse la plupart des designers. Alain Gilles l’applique dans ses accessoires de cuisine développés pour la marque Evolution où il mêle les matières nobles et le plastique, le verre et le bois et où l’efficacité du geste s’ajoute à la simplicité. Pour le passé, il a choisi un set-carafe des années septante de Vitrac en plastique rouge, un assemblage ingénieux de formes d’une grande justesse plastique. Kaspar Hamacher, qui découpe ses meubles bruts dans des troncs d’arbres pour ensuite les dessiner avec le feu, a choisi avec malice le briquet Bic comme icône du passé. Damien Gernay, toujours à la frontière entre art et design, a sélectionné une expansion de César, un objet où se rencontrent forme et matière. Partisan d’une anarchie organique contrôlée, il coule du bronze dans un moule en cire pour créer la dentelle métallique de ses lampes Veiled Lady. Dans le buffet Textured sideboard, il inverse la fabrication assistée par ordinateur, qui se généralise aujourd’hui, par des couleurs de bois en trompe-l'œil sur la surface d’un blanc immaculé. Alain Gilles ne voit pas le futur comme une ardoise qu’on aurait effacée, mais plutôt comme un tableau blanc où chacun serait invité à écrire son mot. Damien Gernay a lui imaginé pour demain l’inverse du Roundup, c’est-à-dire un produit qui pourrait réinjecter de la nature dans la ville.
Ces designers nous offrent-ils des modèles pour une nouvelle manière de vivre ? Ou décryptent-ils les attentes qui nous habitent inconsciemment ?
> Design Generations, 6/6 > 1/11, ADAM
Fijn dat je wil reageren. Wie reageert, gaat akkoord met onze huisregels. Hoe reageren via Disqus? Een woordje uitleg.