Qui produit la culture et comment se diffuse-t-elle ? Ces questions traversent tout le travail de la jeune artiste sud-africaine, avec en filigrane, la question de la décolonisation des idées. Diplômée de l’université du Witwatersrand, c’est à l’occasion du mouvement étudiant #FeesMustFall en 2015 qu’elle développe sa pratique artistique avec le collectif Title in Transgression.
Simnikiwe Buhlungu: multiples transgression
« On cherchait des moyens pour mobiliser les étudiants et engager le dialogue sur la décolonisation de l’éducation. On voulait se servir de l’art comme d’un langage de protestation visuel. » Née en 1995, Simnikiwe Buhlungu appartient à une génération d’artistes sud-africains ayant grandi dans un monde post-apartheid où, après les promesses de libération, est venue la désillusion.
« Jeunes, on a cru à ce message d’unité et à la promesse d’un futur sans nuage que portait la société. En grandissant, on se rend compte que des antagonismes très complexes sont présents qui mettent en jeu des idéaux de privilège et d’accès démocratique. »
Dans le cadre de l’exposition Multiple Transmissions : Art in the Afropolitan Age au Wiels, elle montre deux installations vidéo : Rolling a joint et Vitamin See. Cette dernière présente un dialogue entre deux enfants à partir du fait que 95 % des océans sont encore inexplorés. « Le titre fait référence à notre incapacité, en tant que population noire, à nous reconnaître dans le narratif dominant et à la nécessité de nous approprier la production de la connaissance. » En résidence au Wiels en 2018, Simnikiwe Buhlungu a eu l’occasion de montrer ces deux vidéos dans le cadre du cinébus de la « Zone d’Action Spontanée » Allée du Kaai.
« C’était pour moi intéressant de présenter mon travail dans un lieu qui n’est pas habituellement associé à l’art contemporain. Je suis curieuse de voir comment le changement de cadre affectera la perception des œuvres. » Dans cette vidéo, comme dans le reste de son travail, la musique, afrobeat, électro ou soul, tient un rôle important.
« Ce qui m’intéresse, ce n’est pas de faire l’illustration visuelle d’une chanson mais plutôt comment la musique est produite et diffusée afin de l’utiliser dans d’autres modèles créatifs. Une mixtape, par exemple, peut être nourrie de textes et de manipulations sonores pour aussi produire un travail visuel. » Ses œuvres seront exposées aux côtés de celles de Sinzo Aanza, Pélagie Gbaguidi, Jean Katambayi Mukendi, Nelson Makengo, Emeka Ogboh, Pamela Phatsimo Sunstrum et Georges Senga.
MULTIPLE TRANSMISSIONS : ART IN THE AFROPOLITAN AGE 25/5 > 18/8, Wiels
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