Le Festival de Cannes vient à peine de dérouler son tapis rouge que l’on peut déjà profiter d’un des grands films en compétition: l’intime Dolor y gloria de Pedro Almodóvar.
Il vaut mieux reporter Dolor y gloria si vous n’êtes pas encore familier de l’œuvre de Pedro Almodóvar. Le film est vraiment bouleversant à la lumière des nombreux liens avec ses anciens films très appréciés du grand public. Almodóvar dit lui-même que le film complète involontairement une trilogie qui a commencé avec La Loi du désir et s’est poursuivie avec La Mauvaise Éducation.
Nous avons également pensé à Volver, La Fleur de mon secret, Tout sur ma mère et aux nombreux films qu’il a réalisés avec Antonio Banderas au cours des quarante dernières années. Il y a fort à parier que, tôt ou tard, une thèse sur le cinéma fera la comparaison avec Huit et demi de Federico Fellini. Après tout, dans les deux films, un cinéaste réputé n’arrive plus à faire de films, s’isole et se rappelle ses précieux souvenirs d’enfance.
Almodóvar en a fait un film très personnel : il a prêté son appartement, ses peintures, ses maux, ses vêtements et sa coupe de cheveux au personnage principal interprété par Banderas. La douleur chronique empêche un réalisateur célèbre mais très solitaire de filmer, ce qui lui enlève presque tout goût à la vie. Désespéré, il recherche un acteur avec qui il a rompu pour fumer ensemble de l’héroïne.
Le film raconte une renaissance, comment la lumière peut revenir dans les ténèbres si on se réconcilie avec le passé et si on se résigne à l’inévitable interaction entre fiction et réalité, travail et vie privée, douleur et gloire. La nostalgie ruisselle des scènes ensoleillées de son enfance dans une grotte transformée en maison. Ce qui aboutit à la révélation du désir originel.
Plus difficiles sont les souvenirs des dernières conversations avec sa mère aimante mais aigrie. On atteint un sommet émotionnel lors de retrouvailles miraculeuses avec un amant qui avait disparu de sa vie après les folles années quatre-vingt à Madrid. Almodóvar aura peut-être septante ans cette année, son art de la narration (celui d’un bon auteur de feuilleton), son utilisation des couleurs (celle d’un bon peintre) et son sens du style sont intacts. 8½ sur dix.
Read more about: Brussel , Film , Pedro Almodóvar , Antonio Banderas
Fijn dat je wil reageren. Wie reageert, gaat akkoord met onze huisregels. Hoe reageren via Disqus? Een woordje uitleg.