Iliona: 'La beauté et le bonheur sont là, à portée de main'

Présentée comme la relève d'Angèle dans les médias français, Iliona dévoile son univers sur la pointe des pieds dans un nouveau disque. En attendant les concerts, la chanteuse bruxelloise nous confie ses bons plans pour sortir grandi du confinement.

Dès qu'il s'agit d'évoquer le futur de la chanson française, le nom d'Iliona est sur toutes les lèvres. À 20 ans, la Bruxelloise laisse entrevoir ses forces via les morceaux de Tristesse, un premier disque dont la pochette en lambeaux évoque Banksy et ses bonnes blagues au marché de l'art. C'est que la peinture occupe une place à part dans le monde d'Iliona. "Il y a quelques jours, via Instagram, j'ai découvert le travail de l'Américaine Amanda Wall", indique la chanteuse. "Je conseille à tout le monde de jeter un œil à ses tableaux. Elle dépeint l'humain dans des scénarios domestiques, à la limite du surréalisme. Ses peintures sont poétiques et colorées. Les traits sont imparfaits. On ne sait jamais si l'œuvre est terminée, s'il s'agit d'une scène abstraite ou d'un instant arraché à la réalité."

Dans un autre style, Iliona voue un culte à l'Autrichien Egon Schiele. "Chacune de ses peintures ouvre une fenêtre sur l'intimité de la personne représentée. Ça me touche vraiment." Un choix troublant dans le contexte actuel. Egon Schiele est en effet décédé, en 1918, des suites de la grippe espagnole.

"Moi, pour oublier le coronavirus et m'aider à traverser le premier confinement, j'ai souvent regardé le clip du morceau 'Imagine'", poursuit-elle. "Dans cette vidéo, Yoko Ono et John Lennon entrent dans une maison aux volets clos. Puis, l'ex-Beatles s'installe au piano tandis que Yoko ouvre les rideaux. Elle laisse entrer la lumière. Alors que nous vivons des moments d'enfermement ultra pénibles, ce clip est venu me rappeler que la beauté et le bonheur sont là, à portée de main."

SUBLIMER L'ENNUI
Au rayon littérature, la chanteuse s'en remet aux bons mots de Delphine de Vigan. "Je recommande chaudement la lecture de son roman Rien ne s'oppose à la nuit. C'est l'histoire d'une fille qui retrace l'histoire de sa mère disparue. Ce n'est jamais drôle, mais toujours juste. En quelques phrases, l'autrice parvient à projeter des images fortes. Un peu comme si on était en train de regarder un film. Dans ses livres, Delphine de Vigan s'attarde sur des détails qui créent l'émotion et influencent le ressenti d'un moment. Je trouve ça très inspirant."

Pour passer du bon temps devant son ordi ou un écran géant, Iliona fait confiance à Gia Coppola. "C'est la petite-fille de Francis Ford Coppola. En 2013, elle a réalisé Palo Alto, un film basé sur des nouvelles écrites par l'acteur James Franco. Le récit, c'est un peu l'histoire de sa jeunesse : des adolescents vivent dans une ville où il ne se passe rien. Ils sont confrontés à l'ennui et à la solitude. Puis, les profs et les adultes leur parlent d'études et d'avenir. Mais aucun des personnages ne sait ce qu'il veut faire plus tard… Dans ce film, le sentiment de solitude est permanent. Je pense que ça peut être bien de voir ou revoir ce film durant cette période de confinement. Ça parle de la construction de la personnalité. C'est beau, ultra contemplatif."

La chanteuse aime également le cinéma d'animation. "Le dessin animé Nuit Chérie est fabuleux. Il s'agit d'une très belle introduction à l'univers visuel de Lia Bertels. L'année dernière, elle a remporté le prix du meilleur court-métrage lors du Festival Anima. Dans le cinéma d'animation, cette artiste bruxelloise a vraiment réussi à créer son propre monde. C'est aussi grave que mignon, toujours poétique et bouleversant."

LIBÉRATION DE LA PAROLE MASCULINE
Depuis le début du confinement, Iliona traîne beaucoup sur YouTube. "C'est comme ça que j'ai découvert Entre mecs. C'est comme un podcast, mais filmé. Il s'agit d'une discussion ouverte entre plusieurs mecs rassemblés autour d'une table. Cette émission libère la parole masculine sur des thèmes variés. Ça peut être l'amour, l'amitié, la sexualité, la paternité ou la confiance en soi. Les sujets sont variés, les approches multiples et, finalement, c'est toujours bienveillant. À une époque où les médias opposent volontiers les sexes en abreuvant les gens de sujets sur la 'masculinité toxique', cette émission fait un bien fou. Faut vraiment regarder. Cette émission démontre qu'on n'est pas obligé d'adhérer à une cause ou de 'faire partie d'un camp'. Au regard de l'actualité, on a parfois l'impression que tout le monde se déteste. Mais ce n'est pas vrai."