À l’écart des itinéraires bling-bling d’un rap toujours plus auto-tuné, Loyle Carner concocte sa musique dans les vieilles marmites du hip-hop. À 24 ans, le Londonien recycle les bons plans d’antan avec un flow pouponné à l’accent cockney. La recette fonctionne à merveille.
Loyle Carner: Confidence pour confidence
Si bien qu’en 2017, son premier essai empoche une nomination au prestigieux Mercury Prize. Servi par une production boom-bap et quelques airs jazzy, l’album Yesterday’s Gone retraçait le vécu de Benjamin Coyle-Larner. « Mon nom de scène est une référence à ma dyslexie, » précise-t-il depuis le lobby d’un hôtel bruxellois.
Habitué aux confessions autobiographiques, le rappeur met l’auditeur dans la confidence dès les premières secondes du nouveau Not Waving, but Drowning. « Le morceau Dear Jean est pour ma mère, » explique-t-il. « Je lui annonce que je quitte la maison parce que j’ai rencontré la femme de ma vie. » Amoureux, le couple pose ses valises dans un appartement situé juste à côté d’un resto italien. « Comme je mangeais souvent là-bas, le patron m’a proposé de créer ma propre pizza avec, en toile de fond, une opération caritative. »
De la dinde, du cheddar et quelques poivrons plus tard, la Christmas Con Carner est vendue au profit d’une école de cuisine. « J’ai ouvert cet établissement pour aider les enfants souffrant d’un déficit de l’attention, » détaille Loyle Carner. « Je suis passé par là quand j’étais gamin. Pour me soulager, j’ai trouvé deux remèdes : la musique et la cuisine. »
Ce goût de la gastronomie se répercute aujourd’hui dans les couplets d’Ottolenghi, premier single en forme de clin d’œil au chef coq Yotam Ottolenghi. Partagé aux côtés de l’ami Jordan Rakei, ce morceau souligne une tendance : en 2019, Loyle Carner n’est plus seul. Sampha, Jorja Smith ou Tom Misch figurent, en effet, au casting de cet album baptisé Not Waving, but Drowning.
J’avais l’impression de me noyer dans un océan d’idées
« C’est aussi le titre d’un poème de Stevie Smith, » souligne le rappeur. « En 1957, elle a écrit l’histoire d’un homme qui se noie suite à la mauvaise interprétation de ses signaux de détresse. Je me suis reconnu dans ce récit. Pendant l’enregistrement, les gens pensaient que tout roulait pour moi. Alors que, dans les faits, j’avais l’impression de me noyer dans un océan d’idées… »
Sorte de journal intime, l’album évoque aussi le foot, l’autre amour de ce grand fan de Liverpool. Dans 'England Penalty Shootout', il revient d’ailleurs sur la dernière Coupe du Monde en Russie. « Ce tournoi a rapproché les Anglais. Pendant un mois, tout le monde était derrière l’équipe. Ce morceau parle d’unité. À cet égard, l’Angleterre doit être solidaire du reste du monde. »
Une façon d’aborder le Brexit ? « Évidemment. Ce départ de l’Europe n’a aucun sens. D’autant que 15 % des gens qui ont voté en faveur du Brexit sont maintenant décédés. Ces personnes âgées ne pensaient pas au futur du pays… » En attendant, Loyle Carner est, lui, promis à un bel avenir.
LOYLE CARNER 15/5, 19.30, Botanique
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