L'enseignement public de la communauté flamande à Bruxelles va organiser des cours d'arabe en dehors des heures d'école. Le directeur du groupe scolaire Jacky Goris veut ainsi sortir la langue de la sphère d'influence religieuse et arrêter l'islamisation de notre société. Au sein de l'enseignement flamand de Bruxelles, plusieurs personnes ont tiré la sonnette d'alarme.
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Et l'inquiétude de Goris pourrait être fondée. Un snack turc à Schaerbeek que votre humble serviteur fréquente depuis des années vient de décider de ne plus servir d'alcool. Cette décision a été prise sous la pression de clients qui menaçaient de saccager le commerce. Les gérants du snack sont des kémalistes. Le portrait de Mustafa Kemal Atatürk, l'homme qui a séparé l'Eglise et l'Etat, pend encore toujours au mur mais dans ce cas particulier, la religion semble l'avoir remporté.
L'historienne Sophie de Schaepdrijver a écrit dans le magazine Knack comment, à Anderlecht, dans un quartier où elle possède un pied-à-terre, elle ne parvenait pas à trouver des verres de champagne pendant le ramadan.
Bien souvent, le Bruxellois hausse les épaules, commande un thé à la menthe ou une eau et passe à autre chose. Et c'est cette tolérance qui a fait de Bruxelles la grande ville qu'elle est. Au final, chaque tenancier d'un établissement horeca n'a-t-il pas le droit de vendre ce qu'il veut ? La liberté se situe à tous les niveaux.
Mais quand l'exploitant d'un snack se voit obligé, sous pression d'une partie de sa communauté, à bannir à contrecoeur l'alcool de son commerce, cela signifie que quelque chose ne tourne pas rond. Cela signifie qu'il existe des Bruxellois qui mettent des limites à la liberté des autres, au nom de la religion.
Il y a un demi-siècle, le curé visitait les bibliothèques flamandes à la recherche de livres qui selon lui n'y étaient pas à leur place. Cette époque est heureusement révolue. Mais qu'il y ait de nouveaux curés qui sermonnent les gens sur base d'arguments religieux, il est difficile de s'en réjouir.
L'enseignement flamand de Bruxelles a raison de dire que l'enseignement joue un rôle important dans cette histoire. Mais il faudra davantage que quelques cours d'arabe. Il faut analyser quelle est l'ampleur de ce phénomène. Et il faut un débat sans tabous, de préférence en concertation avec la communauté musulmane. Un débat dans lequel on ose appeler un chat un chat.
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