Toutes les grandes luttes n’ont pas eu la chance d’être immortalisées par un photographe de la trempe de Josef Koudelka. La réponse des Tchèques et des Slovaques à l’invasion de leur capitale par les chars soviétiques en 1968, bien. Dans le cadre du Summer of Photography, le Botanique expose les images mythiques du photographe légendaire.
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21 août 1968. Le ciel vient de tomber sur la tête des Tchèques et des Slovaques. Brejnev a osé. Le Secrétaire général du Parti communiste s’est permis d’envoyer ses blindés à Prague pour rappeler à qui avait rêvé l’oublier, que dans le bloc soviétique, le maître, c’est lui. Les rues bouillonnent, se tordent et se débattent. Parmi la foule hagarde, les tanks au canon phallique et les chaînes humaines formées par une jeunesse en délire, un homme se faufile, regarde et déclenche. Ce jeune trentenaire aux lunettes rondes et à l’appareil photo Exakta, c’est Josef Koudelka. Il s’apprête à entrer chez Magnum et à devenir l’un des photographes les plus influents de sa génération, auprès d’un Robert Frank ou d’un Henri Cartier-Bresson, mais il ne le sait pas encore.
Koudelka n’était pas le seul reporter sur place à immortaliser la réponse soviétique brutale à la soif de liberté des peuples de Tchécoslovaquie, connue sous le nom de Printemps de Prague, les jeunes et les intellectuels en tête. Mais ce sont ses images à lui qui feront le tour du monde et qui contribueront à élever la résistance praguoise en icône. Derrière ces corps et ces visages en lutte, c’est peut-être toute l’histoire du XXe siècle qui se donne à voir.
En cette année symbolique de 1968, Koudelka est à un tournant crucial de sa vie. Il a récemment envoyé valser ses études d’ingénieur aéronautique pour embrasser une vie de nomade baroudeur ayant pour seul toit les étoiles, parcourant l’Europe avec un menu sac à dos pour photographier les communautés gitanes. Sa série Gypsies est aujourd’hui considérée comme l’un des travaux fondateurs de la photographie contemporaine. Cette pulsion de liberté qui se lit sur le visage de ses frères praguois, Koudelka l’aspire et la respire à travers l’objectif de son appareil photo.
C’est peut-être pour cela que les regards, frontaux, sont si présents. Au milieu de la fumée, des vitres brisées et des murs criblés, les yeux des manifestants de tous âges et des soldats déboussolés (eux-mêmes ne comprennent ce qu’ils font là) semblent interpeller le photographe alors qu’il cherche en eux son propre reflet. Car c’est dans les émotions que se trouve toute la force de ce reportage en noir et blanc contrasté, que Magnum s’empressera d’ailleurs de publier sous la signature anonyme PP pour « Prague Photographer » (pour protéger le photographe et ses proches). La colère et l’incompréhension, l’ivresse et la rage de la lutte, la violence de la confrontation, l’angoisse teintée d’espoir, la peur du lendemain, la joie de se sentir exister. Chez Koudleka, c’est l’humanité qui s’exprime avant tout. Cinquante ans plus tard, le constat est d’autant plus criant.
JOSEF KOUDELKA INVASION PRAGUE 68 > 12/8, Botanique, www.botanique.be
SUMMER OF PHOTOGRAPHY > 14/10, divers lieux, www.bozar.be
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