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Charlotte Gainsbourg, agent double

Nicolas Alsteen
© BRUZZ
13/12/2018

Certains patrimoines génétiques sont plus faciles à assumer que d’autres. Charlotte, fille de Jane Birkin et Serge Gainsbourg, s’est longtemps débattue avec la mythologie de sa propre famille.

« Avant, il n’y avait pas d’évidence à monter sur scène », glissait-elle récemment dans les colonnes de la Tribune de Genève. « Je ne me sentais pas réellement chanteuse. J’avais l’impression de faire semblant, de jouer quelqu’un que je n’étais pas. » Depuis l’album Rest, sorti l’automne dernier, la chanteuse semble pourtant totalement libérée.

Sûre de ses émotions et de sa passion mélomane, elle mesure enfin la distance parcourue depuis Lemon Incest, morceau polémique, chanté en 1984 aux côtés d’un papa Gainsbarre alors au sommet de son art. Deux ans plus tard, l’homme à tête de chou écrit et compose l’album Charlotte For Ever pour les quinze ans de sa fille. Mais celle-ci se sent plus à l’aise devant les caméras que derrière un micro. Quelques jours après la sortie de son disque, Charlotte Gainsbourg empoche en effet un César (meilleur espoir féminin) pour sa prestation dans L’effrontée de Claude Miller. Elle enchaîne ensuite les films (La petite voleuse, Merci la vie, Amoureuse), récoltant le César de la meilleure actrice en 1999 pour son second rôle dans la comédie dramatique La Bûche.

La chanteuse semble totalement libérée

L’été 2006 sonne le retour à la musique. Porté par les participations de Air, Jarvis Cocker ou du producteur Nigel Godrich (Radiohead), l’album 5:55 dévoile la sensibilité pop moderne de l’artiste à travers des chansons soufflées dans un anglais fragile et fascinant. C’est Beck qui vient ensuite frapper à sa porte. Fan de Serge Gainsbourg, ce dernier entend offrir ses services à la fille de son héros. Producteur de l’album IRM, l’auteur de Loser réanime définitivement les pulsions vocales de Charlotte Gainsbourg qui, parallèlement, multiplie les apparitions à l’écran. Discrète, mais précieuse, elle brille dans des scénarios imaginés par Iñárritu, Todd Haynes, Michel Gondry, Lars von Trier, Asia Argento ou Wim Wenders.

Après Stage Whisper, quatrième essai chatouillé par la guitare aérienne de Connan Mockasin, l’actrice s’est exilée à New York pour enregistrer son disque le plus personnel. Entre confessions intimes servies en français, mélodies synthétiques et ballades anglophones couchées sur un lit d’arrangements sophistiqués, Rest connaît aujourd’hui une extension avec la publication du EP Take 2 : des morceaux inédits et une reprise de Kanye West (Runaway) à découvrir, cette semaine, sur la scène de l’AB. En 2019, loin des salles de concert, la chanteuse retrouvera son mari, le réalisateur Yvan Attal, à l’affiche de Mon chien Stupide, adaptation cinématographique du roman éponyme de John Fante. Comme quoi, dans la vie de Charlotte Gainsbourg, le cinéma et la musique s’entrecroisent, sans relâche, au plus près du cœur.

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