SLT20240529 PICTURE Macaroibook Youqine Lefevre

(c) Youquine Lefèvre

La Revue Macaroni: une nouvelle plateforme pour la photographie émergente belge

Sophie Soukias
© BRUZZ
27/06/2024

Un nouveau magazine de photographie fait son apparition en librairie. Fondatrice des éditions Macaronibook, dédiées à la photographie contemporaine, la Bruxelloise d’adoption Camille Carbonaro met sa sensibilité et son regard sans faille au service d’une revue.

Photographe elle-même, usant du médium artistique pour remonter le fil de ses racines méditerranéennes (son livre Ma Mère la Source sortait en janvier dernier), Camille Carbonaro dédie naturellement le premier numéro de sa Revue Macaroni à la thématique universelle et essentielle des Origines. « Il est primordial de préserver ces histoires familiales au-delà des frontières et des murs », dit l’éditrice.

Camille Carbonaro propose dans Origines un aperçu du travail de pas moins de dix photographes belges et internationaux. Autant d’histoires personnelles murmurées dans un langage visuel intensément contemporain. À ces dix chapitres fondateurs viennent s’ajouter une mosaïque d’images récoltées à la suite d’un open call.

Comme ce portrait tout en douceur d’une enfant blottie contre un être dont on n’aperçoit pas le visage, mais que l’on devine cher. Signée par Canela Laude-Arce, l’image évoque la relation épistolaire entre son grand-père, depuis le Pérou, et sa mère, installée en France.

TROUBLES TRANSMISSIONS
Ce qui frappe en parcourant la Revue Macaroni, c’est l’étendue du spectre que constitue le rapport à ses origines. On le savait large, mais pas à ce point. Qu’est-ce que ça veut dire venir de quelque part?

Comment tisser un lien avec ses ancêtres quand ils nous seront à jamais étrangers ? Dans The Land of Promises, Youqine Lefèvre retourne sur la terre qui l’a vue naître, la Chine, sur les traces de son adoption transnationale. Au fil des rencontres, elle reconstitue le puzzle fragile de son destin de bébé adopté par une famille belge.

Dans Borderland, Filippo Barbero revisite en noir et blanc son enfance sur une colline en Italie. Il cherche dans le réel des traces d’un temps révolu, entre souvenirs et fantasmes.
Toujours en Italie, du côté des Pouilles, Antonio Del Vecchio raconte dans Siccum Sanguine le triste sort d’une région laissée pour compte, en proie aux pires calamités. Au milieu de ce décor désolant: les siens, une famille de paysans.

Longtemps coupée d’une partie de sa famille vivant aux États-Unis, Prune Phi leur rend visite pendant cinq mois, s’imprégnant de la culture vietnaméricaine qu’ils revendiquent avec fierté. Une affirmation qui la confronte à sa propre identité, dont les contours sont bien plus flous et morcelés, comme en témoignent ses collages.

Que reste-t-il de l’identité d’une ville française, autrefois berceau d’une industrie automobile florissante, aujourd’hui délaissée à tous les niveaux ? C’est la question que pose Romain Cavallin dont les grands-pères, le père et les frères furent les fidèles employés des usines Peugeot à Montbéliard.

Poursuivie par son histoire familiale, Romane Iskaria collecte instinctivement la mémoire des membres de la communauté assyrienne entre la Belgique et la France. Objets de familles, tenues traditionnelles, images d’archives, la photographe convoque autant de sources tangibles pour mettre en scène ses propres projections et imaginaires.

Cathy Alvarez s’en remet elle aussi aux traces et aux indices, ceux laissés dans les montagnes de Galice par son grand-père, maquisard pendant la Guerre d’Espagne. Un récit de transmission indirecte qui fait écho à tant d’autres de la très joliment ficelée Revue Macaroni.

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