Connu pour son flow inspiré par les rues de Bruxelles, Jazz Brak ne se contente plus de poser des mots sur sa ville. Avec son appareil photo argentique, il capture désormais des images qui prolongent sa musique, entre poésie urbaine et esthétique brute.
« Avant, je me baladais dans Bruxelles en collant des stickers partout, maintenant je prends des photos », expliquait, il y a quelques semaines, Jasper De Ridder, alias Jazz Brak, à l’hebdomadaire BRUZZ.
Le rappeur bruxellois, qui a repoussé les limites du rap néerlandophone au cours de la dernière décennie avec le groupe STIKSTOF, s’est lancé en solo l’année passée. Son inspiration ne s’étant pas tarie, il sort même un deuxième album cet automne. Ce dernier s’intitule AUTOFOCUS, un titre qui fait référence à la loupe à travers laquelle le rappeur regarde sa propre vie, mais c’est aussi un clin d’œil à son nouveau « passe-temps » : la photographie.
Il s’y adonne, en phase avec le renouveau de la photographie argentique, avec un appareil photographique compact. Il a d’abord utilisé l’Olympus Mu-1 que sa sœur avait reçu pour son seizième anniversaire et qu’il a retrouvé dans le grenier de ses parents. Depuis, il a une collection d’appareils photo vintage, tels que le Contax T2 et le Leica Minilux.
« Avec mon téléphone, je prends quinze photos et j’en efface quatorze », explique le rappeur. « Avec un appareil photo argentique, il faut se limiter à une seule photo, sinon ça devient une activité très coûteuse. On apprécie davantage cette photo parce qu’on n’en a qu’une. Et puis il y a l’aspect esthétique, les couleurs des photos argentiques sont bien plus belles. »
‘Les photos montrent encore plus qui je suis’
Artiste visuel
Le dada captivant de Jazz Brak donne matière aujourd’hui à un livre qui accompagne son album. Le rappeur compile ses photos dans un modeste petit format ; il ne tient pas à se présenter comme un « grand photographe » pour l’instant.
Ce que les images signifient pour lui prime sur la qualité de la photo. Il estime qu’il s’agit d’un complément à son écriture imagée. Le choix de ses mots est plutôt brut mais très riche en images. Si vous écoutez la chanson Gele blokken, qu’il a sortie avec STIKSTOF, en fermant les yeux, vous vous retrouvez « sur le macadam », avec « deux mecs d’Europe de l’Est qui roulent en Tiguan ».
Le même style poétique mais direct caractérise les photos de Jazz Brak. Il choisit très vite ses sujets, tout comme il écrit très vite ses textes, sans réfléchir trop longtemps et sans faire dans le fignolage. C’est pour cette raison qu’il se sert d’un appareil photo compact, avec autofocus. Il utilise une pellicule sensible à la lumière, à gros grain et fort contraste.
Cela apporte à son style documentaire l’aspect vintage des années nonante qu’il affectionne tant, et convient parfaitement aux scènes qu’il immortalise lors de ses promenades urbaines. Aussi brutes que soient les images de la ville, elles sont toujours empreintes de chaleur et d’espoir. En même temps, cette approche donne à ses clichés un côté frais et dynamique.
De près
Le travail visuel de Jazz Brak correspond bien à son identité musicale, car il révèle la palette de sa personnalité et de sa relation avec la ville. Ce n’est pas le premier musicien à se faire connaître comme photographe, comme Patti Smith, Lou Reed ou Bryan Adams. Plus près de nous, Tom Barman de dEUS l’a précédé avec son esthétique influencée par les ombres et les couleurs de Harry Gruyaert.
Et ce n’est pas un hasard non plus si les musiciens se mettent souvent aussi à la peinture. C’est ce même goût de l’image qu’ils veulent exploiter. Ou, comme le dit Jazz Brak, « cela montre encore plus qui je suis ».
Le livre AUTOFOCUS est disponible à partir du 14/12 chez le bijoutier Souris, rue Artevelde.
Bruxelles dans les yeux de Jazz Brak
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