Romane Iskaria

| Lila Magnin

Lila Magnin et les magnifiques : quand la danse embrasse la dualité du monde

Sophie Soukias
© BRUZZ
31/03/2025
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La danseuse et chorégraphe Lila Magnin revient avec Sāmara un quintuor de sa compagnie les magnifiques, où la sagesse ancestrale dialogue avec le monde contemporain en proie au chaos. « On a le droit de vouloir se sentir protégé. »

Voix montante des danses street et contemporaine, la Bruxelloise Lila Magnin puise son énergie très ancrée dans un héritage spirituel hors du commun.

Ses parents, convertis à une branche de l’hindouisme avant sa naissance, l’ont immergée dès l’enfance dans les temples d’Inde et les réunions spirituelles. Les messes chantées au rythme des mantras se sont gravées au plus profond d’elle, l’enveloppant d’un sanctuaire intérieur, lui donnant le sentiment d’être exactement à l’endroit où elle devait être. « Dans mon travail créatif, je ne cesse de vouloir retrouver ce sentiment de justesse », confie-t-elle.

C’est lors de ses voyages en Inde mais aussi dans la région où elle grandit, dans les alentours de Liège, qu’elle découvre le Bharata Natyam, danse classique traditionnelle indienne.

« Dans mon travail créatif, je ne cesse de vouloir retrouver ce sentiment de justesse »

Lila Magnin

Danseuse et chorégraphe

Vers 12 ans, les musiques rap et hip-hop lui permettent d’exprimer une autre énergie, tout aussi essentielle : celle de la colère. À 18 ans, elle intègre la prestigieuse école Juste Debout à Paris, dédiée aux pratiques de la street dance. Parmi une promo ultra-masculine, elle se bat dans un univers où la survie est la règle.

Devenue danseuse pour des chorégraphes belges et internationaux, Lila Magnin signe en 2019 sa première création, un quatuor pour danseurs. Pourtant, elle songe à tout laisser tomber. « Je craignais de ne jamais parvenir à vivre de la danse ».

Puis, survient le confinement. La vie s’arrête. Seule, dans les studios désertés, les règles sanitaires imposent l’isolement créatif. Dans ces circonstances naît Azad (« Liberté »), un solo en hommage à son arrière-grand-mère arménienne. « Créer une pièce, en composer la musique et la danser moi-même m’a libérée. Et me prouvant que j’en étais capable, j’ai aussi libéré toutes les femmes de ma famille. »

La danse comme refuge

Dès lors, sa carrière prend son envol. Lila se sent enfin à sa place. Elle enchaîne avec Sāmara, un nom tiré du sanskrit, porteur des symboles des dieux et de la guerre. « Face au chaos du monde, on peut vouloir se sentir protégée, se créer un refuge intérieur. »

Dans un décor intergalactique épuré, Sāmara explore, avec quatre autres danseur·euse·s de sa compagnie (les magnifiques), comment faire corps tout en préservant l’individualité et la folie propres à chacun. « La dualité, c’est la base du monde. Le bien coexiste avec le mal. Il faut s’en rappeler dans les moments difficiles. » Devant tant de sagesse, on ne peut que s’incliner.

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