Pour sa première monographie à Bruxelles, le Mexicain Gabriel Kuri crée une œuvre avec les rebuts de notre société de consommation. Des assemblages minimalistes pour questionner notre rapport au banal et au jetable.
L'art consommable de Gabriel Kuri
L’artiste mexicain Gabriel Kuri habite et travaille à Bruxelles depuis 16 ans. L’idée d’une exposition monographique au Wiels a connu une longue gestation. La voici, aujourd’hui, parfaitement en phase avec l’air du temps. Le recyclage, le tri sélectif et l’économie circulaire refaçonnent désormais peu à peu notre quotidien. Pourquoi l’art devrait-il en être exempt ? Avec un détachement amusé, Kuri l’applique à son propre travail qui repose essentiellement sur l’assemblage hétérogène de matériaux et d’objets banals du quotidien. L’exposition, bien ordonnée, s’organise en quatre types de matériaux : papier, plastique, métal et matériaux de construction.
On a parfois l’impression que le processus et l’organisation importent plus que l’œuvre elle-même. À voir ces morceaux de métal, ces mâchoires de grues et ces blocs de béton comme figés dans un cadrage inattendu, souligne que l’œuvre est d’abord dans le regard et qu’une promenade dans les coulisses de la ville peut être un acte artistique et poétique. Certaines associations fonctionnent mieux que d’autres.
TABLEAU D’HONNEUR
Des fragments de pierre noire avec un petit rouleau coincé sous l’arrondi se la jouent minimal. Des billets à gratter suggèrent d’absurdes décorations épinglées sur un tableau d’honneur. Coupés dans leur course ascensionnelle par un plafond, des sacs en plastique gonflés comme des ballons et tagués d’un « Thank you » auraient bien joué la fille de l’air. Kuri ne se contente pas d’assembler, il crée aussi de surprenants décalages avec ses tickets de caisse démesurément agrandis en tapisseries de la consommation éphémère.
L’œuvre la plus impressionnante mobilise plusieurs tonnes de sable qui façonnent un paysage dunaire parsemé de piécettes en cuivre, de chewing-gums et planté de milliers de mégots, tels des végétaux atrophiés. L’image est impressionnante, l’artiste devient paysagiste de ces excès de consommation qui n’attendent que notre indifférence pour coloniser la planète.
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