Saskia Vanderstichele

Dagboek sekswerker

‘Je rêve de stripclubs pour femmes’

La Morrigasme
© BRUZZ
14/02/2025
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‘Mon club de strip-tease idéal est un établissement soigné où les femmes de tous âges se rendraient pour décompresser après le boulot.’ Dans une nouvelle chronique pour BRUZZ, La Morrigasme, une artiste érotique bruxelloise, réfléchit à ce qu'elle considère comme une lacune dans le marché du travail sexuel.

Si je dis ‘stripclub’ vous visualisez des femmes presque nues dansant devant une foule d'hommes habillés. C'est effectivement une réalité majoritaire. Bien que les femmes puissent y avoir accès, ces lieux ne sont pas pensés pour elles.

Je parle bien de femmes héterosexuelles ici car ne vous inquiétez pas pour les gays, lesbiennes et queers. Ces communautés ont l'habitude de se créer des espaces alternatifs en dehors des carcans vu que de base rien n'est pensé pour elleux.

Moi je rêve de stripclubs pour femmes héteros.



Dans mon club de strip-tease, les hommes déshabillés versent aux femmes une coupe de champagne

Quand je dis ça, on me répond soit que l'équivalent pour femmes existe déjà : les spectacles ‘Chippendales’ soit que les femmes ne sont pas des créatures visuelles et que ce sont plutôt les sentiments qui les font frémir.

Ces deux idées vont à l'encontre l'une de l'autre. Car justement, les spectacles de type ‘Chippendales’ se limitent à l'aspect visuel. Les femmes viennent juste assister à des spectacles chorégraphiés et il n'y a aucun moment où on s'assied à table et où on discute dans un salon feutré.

Quand je parle de stripclubs pour femmes. Je parle de lieux dédiés ayant pignon sur rue où femmes, jeunes et vieilles, des épouses, des mères, des grand-mères se rendraient pour décompresser après le boulot. Elles y seraient accueillies par des hommes charmants et dénudés qui leur serviraient une coupe de champagne, les écouteraient avec le sourire parler de leur travail, de leur mariage et autres aléas de la vie tout en leur massant les épaules. Sans oublier de les faire rire, bien sûr. C'est le plus important.

Quand je décris cette scène, elle semble toute droit sortie d'une oeuvre satirique d'une société matriarcale en puissance. Or, c'est ce que les hommes font depuis des millénaires dans leurs gentlemen's clubs, maisons closes, salons de courtisanes et autres harems et c'est instauré dans les moeurs.

Je n'ai aucun de mal à imaginer que les femmes aient aussi envie de nouer des moments d'intimité sans engagement, de se confier à un inconnu qui ne les jugera pas ou tout simplement d'aller faire la fête, de se laisser séduire et danser jusqu'au bout de la nuit (dans les bras d'un homme qui sait vraiment danser) puis rentrer chez soi et reprendre le train de sa vie.

Ce qui les en empêche, c'est simplement le fait que nous, êtres humains sociabilisés en tant que ‘femmes’, nous ne nous l'autorisons pas dans notre inconscient collectif. Nous trouvons normal que lorsqu'on parle d'érotisme, nous placions la femme en objet de désir et l'homme en sujet désirant. On ne nous a jamais habituées à nous considérer en tant que sujet désirant et à le revendiquer.

Le fait d'incarner un objet de désir et de le monnayer n'est ni dégradant ni sexiste, n'en déplaise aux féministe abolitionniste.
Ce qui est sexiste, c'est que ce sont toujours les mêmes qui sont clients et les mêmes qui sont prestataires de services.
Lorsqu'il y aura autant de stripclubs pour femmes que pour hommes, alors nous pourrons parler d'égalité à ce niveau.



Column La Morrigasme

De erotische performer, paaldansdocent en domina Le Morrigasme deelt om de twee weken een dagboekfragment. Daarin deelt die gedachten, die voortkomen uit hun omzwervingen in de wereld van sekswerk.

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