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Review
Score: 3 op 5

'Dirty God': la profondeur fait vibrer pendant longtemps

Niels Ruëll
© BRUZZ
10/07/2019

Une jeune femme se bat après avoir subi une attaque à l’acide qui l’a gravement défigurée. La Hollandaise Sacha Polak ne tourne pas autour du pot dans son énergique film londonien Dirty God.

En 2017, il y a eu 460 attaques à l’acide à Londres seulement. Pour l’agresseur, c’est comme s’il jetait un verre d’eau au visage de quelqu’un, mais la victime, elle, est condamnée à perpétuité. Si elle arrive à se regarder de nouveau en face, il y a toujours les gens qui la fixeront, choqués, et lui rappelleront les cicatrices sur son visage.

Dirty God s’intéresse peu à la sociologie de l’attaque à l’acide, mais se concentre entièrement sur la difficile renaissance d’une jeune femme qui doit continuer à vivre avec un visage mutilé. La jeune Jade a d’une part le cran et la licence de répondre aux étrangers qui dépassent les bornes. D’autre part, elle se fatigue à chercher des miracles sur internet et se met au travail pour se payer un voyage à Marrakech dans une clinique qui prétend pouvoir la sauver. Entre-temps, la vie suit son cours et elle doit garder un œil sur une mère, une toute petite fille et une amie.

Ce ne sont ni l’histoire ni les thématiques qui font que Dirty God nous fait vibrer pendant longtemps, mais c’est la profondeur, le fait que l’on est associé aux sentiments contradictoires, aux décisions qui ne sont pas toujours rationnelles mais compréhensibles, au désespoir et à la force de la jeune femme.

Cela n’aurait pas été possible sans l’interprétation phénoménale de Vicky Knight, qui a des cicatrices de brûlure au visage et qui n’est pas une actrice professionnelle mais qui en a tout le talent. Cela n’aurait pas été possible non plus sans l’excellente photographie du Belge Ruben Impens, le scénario fort et le courage de ne pas reculer devant des scènes de sexe difficiles mais cruciales.

La réalisatrice néerlandaise Sacha Polak n’y va pas par quatre chemins. Elle regarde l’incident droit dans les yeux sans céder. Dirty God ne vous met pas KO mais stimule votre résilience (et l’intention de ne pas fixer les cicatrices). Il ne s’agit pas d’un film au réalisme déprimant, mais d’un drame contemporain haut en couleur et vivant.

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