À chacun sa spécialité. Quentin Dupieux fait des films déroutants qui marquent. Dans Le Daim, un homme désespéré développe une obsession maladive pour sa veste en daim.
Cette fois, on peut dire que Quentin Dupieux va trop loin. Il s’est fait connaître avec Rubber, un film sur un psychopathe meurtrier qui n’est autre qu’un pneu de voiture. Il fait du méta de « méta-moments ». Il invite le spectateur à lire son film à plusieurs niveaux, mais si l’on cherche trop loin, on oublie le plaisir.
Par ailleurs, le réalisateur-scénariste-monteur-caméraman, que les mélomanes connaissent sous le pseudo Mr. Oizo, est un as dans l’art de l’élaboration rigoureuse d’idées aberrantes et il faut bien admettre que son sens de l’humour, de l’absurde et du surréalisme produit des films uniques loin du conformisme.
Le pneu en caoutchouc a depuis été remplacé par des acteurs plus réputés. Dans Au Poste !, film policier sorti l’été dernier, c’est Benoît Poelvoorde qui avait la vedette. Dans Le Daim, film d’ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes, c’est Jean Dujardin. La star de The Artist et OSS 117 montre qu’il peut également fasciner le spectateur sans être fringant.
Il joue le rôle de Georges, un homme au bout du rouleau, qui a perdu sa femme, son travail et sa maison, et dépense ses derniers sous pour acheter une veste en daim beaucoup trop chère. Une veste avec des franges avec laquelle aucun Français n’oserait sortir. Mais ne le dites pas en présence de Georges parce qu’il est follement amoureux de sa veste. Il lui parle même et il est prêt à tuer pour en faire une veste unique.
La barmaid (Adèle Haenel) du village de montagne où il est en rade le convainc qu’il est cinéaste. Dupieux n’ajoute pas de touches surréalistes cette fois, mais filme la réalité d’un homme s’enfonçant de plus en plus dans la folie. Ce qui ne fait pas une grande différence. Tout comme dans Réalité ou Wrong, on ne sait jamais s’il faut rire ou avoir peur. Ce qui est sans aucun doute l’objectif. Un drôle d’oiseau, comme il en faut aussi.
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